L'affaire des diplomates algériens otages au Mali demeure, selon le ministre des Affaires étrangères, une priorité de son département et de l'Etat. "Les efforts des organismes spéciaux sont intenses et se poursuivent", a révélé, hier, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre de l'Information, le MAE, Ramtane Lamamra. Il a réitéré son soutien aux diplomates et à leur famille, tout en promettant de donner les informations à chaque évolution dans le dossier. Sur la question malienne, il a indiqué que la Minusma (mission de l'ONU) est déployée dans le cadre des relations de soutien et que l'UA en fait partie et contribue à l'accomplissement de cette mission. Pour preuve, le chef de cette mission est attendu à Alger début janvier. Par ailleurs, il y a la Misahel, dont la mission est la lutte contre le terrorisme et le crime transnational, qui mène des opérations militaires non conventionnelles étant donné qu'il s'agit d'une guerre asymétrique. En République centrafricaine, c'est une mission de l'UA, la Misca, qui est déployée en appoint aux forces françaises. Selon lui, l'UA s'active comme le prouve l'intense activité de M. Chergui, commissaire du Conseil pour la paix et la sécurité. En plus clair, cela veut dire que l'UA s'occupe sérieusement de la crise de la RCA. Il y a également le conflit qui a éclaté récemment au Sud Soudan et qui risque de se transformer en guerre civile. Le diplomate a affirmé qu'il y a des contacts avec d'anciennes connaissances du SPLM, ancien groupe rebelle, et des appels au dialogue dans le but d'éviter une guerre fratricide. Une réunion du Conseil pour la paix et la sécurité de l'UA est prévue en janvier à Bangui. Il a réitéré son plaidoyer pour une solution africaine tout en précisant qu'il ne s'agit pas de s'isoler, mais de se réapproprier cette crise qui a toujours besoin de l'aide internationale pour peu qu'elle soit conforme aux positions de l'UA. Le Sud Soudan est le théâtre d'opérations internationales — les Casques bleus de l'ONU — depuis des années. La responsabilité n'est donc pas seulement africaine, mais internationale. "Le souhait est que nos frères puissent régler le problème par des moyens pacifiques", dit-il. Malheureusement, a-t-il déploré, l'UA souffre du problème de financement pour renforcer ses moyens. Interrogé sur "l'incident de la blague de Hollande" et le risque de ses répercussions sur les relations algéro-françaises, le ministre a considéré que le dossier est clos compte tenu de la volonté de part et d'autre de "le circonscrire". Les relations sont très denses. Dimensionnellement très chargées, a-t-il estimé. Et cet incident est à prendre pour "un moment au creux de la vague". Mais, a-t-il souligné, elles sont tellement importantes et spécifiques qu'elles demeurent avec ce caractère de permanence de part et d'autre. Et de rappeler les gestes des responsables français, Fabius, Hollande, l'Elysée, qui sont de leur part "une volonté de circonscrire l'incident". Il s'est dit, cependant, comprendre l'opinion publique et les réactions que cette blague a suscitées. Il a refusé, par ailleurs, d'apprécier les révélations d'Ayrault sur le contenu de ses entretiens avec le président Bouteflika. Nous avons un objectif commun, c'est la lutte contre le terrorisme, et la libération du Nord Mali est une victoire, a-t-il indiqué, tout en précisant que l'Algérie a participé en prenant certaines mesures et a contribué dans le cadre de la Misma et de la Minusma. Sur la scène arabe, le chef de la diplomatie algérienne a développé "le même principe". La visite du MAE égyptien, Nabil Fehmi, est perçue sous un angle qui est loin de la reconnaissance du pouvoir en place, d'autant plus qu'il "est un ami de longue date". Il est d'ailleurs le bienvenu, selon le ministre. "Notre avis est dans le sens du soutien, de la solidarité et de la fraternité", dit-il, précisant que certaines questions peuvent être discutées dans les tribunes internationales. Cela dit, la participation de l'Egypte à l'UA est gelée en raison "du changement non constitutionnel". L'Algérie souhaite son retour rapide dans cette instance. Un rapport de l'UA est attendu à ce sujet. Et le ministre de préciser que l'Algérie reconnaît les pays, pas les gouvernements et les régimes. Même position sur la question syrienne évoquée sous Genève2 et la question des réfugiés. Pour le diplomate algérien, invitée, l'Algérie va participer en signe de solidarité avec Lakhdar Brahimi pour trouver une solution négociée à la crise. Il qualifie d'ailleurs le rôle de Brahimi de mission historique qui vise à sauver un peuple de la catastrophe. Le rôle de l'Algérie est de réunir les rangs arabes autour d'une solution politique, pacifique, négociée. Quant aux réfugiés, il a déclaré qu'ils ne le sont pas au sens juridique. Ce sont des frères et sœurs que nous accueillons, et nous souhaitons que leur séjour soit agréable et aussi court possible. Ce qui dépend de l'amélioration de la situation sécuritaire dans leur pays. D. B. Nom Adresse email