Baisse de tension hier à la ville de Ghardaïa. Après plusieurs jours de grève, les commerçants mozabites ont décidé de suspendre leur action à partir d'aujourd'hui. C'est la décision prise par les membres de la cellule de coordination et de suivi, hier matin, lors d'une réunion tenue à la placette du vieux marché. "Nous avons décidé de suspendre la grève des commerçants pour une durée d'un mois, afin d'évaluer sur le terrain les engagements des autorités locales", ont affirmé les responsables devant des centaines de commerçants et de citoyens tous issus de la communauté mozabite. Cette action intervient après celle du gel de la grève des écoliers, qui ont, pour leur part, rejoint les bancs de l'école hier. Et même si des "provocations" ont été signalées de part et d'autre, la volonté des deux communautés de mettre fin au conflit se conjugue avec les engagements des autorités locales à assurer la sécurité des biens et des personnes, notamment dans les quartiers chauds. La ville de Ghardaïa était, jusqu'à hier, quadrillée par un dispositif sécuritaire. Les membres de la cellule de coordination ont affirmé, à ce propos, que les autorités se sont engagées à accéder favorablement à certaines revendications des citoyens, notamment celles relatives à la sécurité. Ils ont indiqué que ce dispositif sera renforcé à l'occasion du Mawlid Ennabawi qui sera fêté le 14 janvier courant. Cette information sera confirmée par Salim Bounnab, chargé de communication de la police de la ville. De leur côté, les notables de la communauté chaâmbie, avec qui nous avions pris attache, ont appelé "à un dialogue sérieux et responsable entre des représentants des deux communautés". Un des notables qui a pris part aux pourparlers avec le Premier ministre, et qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, a indiqué que "seul le dialogue est à même de mettre fin aux violences". "Ce dialogue, a-t-il ajouté, est la seule arme contre le conflit." Tout en avouant que les propositions faites par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, "peuvent constituer un début de règlement de la crise", il a plaidé pour un développement local "au bénéfice de tous les citoyens de la wilaya". L'Etat mis devant ses responsabilités Lors d'un point de presse tenu à l'issue de la réunion avec les citoyens, les membres de la cellule de coordination et de suivi ont montré des signes d'apaisement tout en maintenant leur demande quant à la satisfaction des revendications de leur communauté. Il s'agit, en fait, du jugement des responsables des troubles et des éléments des services de sécurité impliqués, selon les citoyens, dans les affrontements. Ils exigent aussi la libération des détenus issus de leur communauté et appellent à mettre fin, d'une manière définitive, aux affrontements et aux provocations. Ils appellent également à l'indemnisation des commerçants dont les magasins ont été brûlés ou pillés. Ils accusent "des mains occultes" qui maintiennent la pression et la provocation pour attenter au pays. Les accusations vont au-delà, puisqu'ils ont tenu à dénoncer "une volonté délibérée" d'effacer leurs spécificités identitaires dans la région. "L'atteinte aux mausolées et aux cimetières de notre communauté est le signe qu'une volonté de nuire aux Mozabites, à leur valeurs et à leur identité existe bel et bien. C'est un crime culturel", ont-ils déclaré, avant d'ajouter que leur communauté réfute, dans le fond et dans la forme, toute approche communautaire et religieuse du conflit. "Les problèmes ne sont pas d'ordre religieux ou communautaire entre Ibadites et Malékites", ont-ils précisé. Concernant ces mausolées, des experts et des spécialistes sont attendus prochainement pour engager les travaux de réfection des clôtures démolies lors des affrontements. "L'Etat doit jouer pleinement son rôle", ont-ils affirmé. "Je pense qu'avec l'arrivée d'Ahmed Adli, SG du ministère de l'Intérieur et ancien wali de la région, nous pouvons espérer un règlement rapide de la crise", a indiqué un citoyen exprimant son espoir pour que la vie reprenne son cours normal. Sur la placette du marché, un groupe de jeunes écoliers est venu dénoncer auprès de la cellule l'agression dont ils ont été victimes à l'école primaire Ourida-Meddad. La même scène est racontée à l'école Ibn-Rostom, où des écoliers se disent être victimes d'agressions à l'intérieur même de l'établissement. Dans les artères de la ville, les quelques citoyens interrogés évoquent tous une crise de confiance. Un fossé qui sépare le gouverné du gouvernant. "Il y a quelques années, j'avais moi-même interpellé les autorités sur ce genre de problèmes, mais en vain", s'est rappelé Siousiuo Mustapha, membre de la cellule de coordination et de suivi et responsable de l'UGCAA locale. M. M. Nom Adresse email