Quelques jours après que deux délégations représentant les deux communautés, en conflit depuis décembre dernier, ont été reçues par Sellal, la ministre de la Solidarité nationale et de la Famille a annoncé hier sur les ondes de la Chaîne I de la radio publique que des «mesures d'urgence ont été prises à l'initiative du président de la République et qu'elles seront appliquées sur le terrain dès cette semaine». En effet, selon Souad Bendjaballah, les revendications de la population locale, «surtout celle ayant souffert des derniers événements qu'a connus cette wilaya, seront «urgemment prises en charge comme la réhabilitation des habitations détruites lors des violents affrontements entre les communautés arabe et mozabite, et la prise en charge des enfants scolarisés, en leur fournissant de l'aide financière et des fournitures avant la fin de cette semaine», a-t-elle souligné. Concernant les maisons détruites et dont les propriétaires sont dans l'impossibilité de les réhabiliter, la ministre de la Solidarité nationale a annoncé que des «mesures sont à l'étude» en coordination avec le ministère de l'Habitat et les autorités locales. Pour ce qui est des commerces qui ont été endommagés, Souad Bendjaballah a indiqué au micro de la radio publique que conformément à ce qui a été décidé entre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et la délégation de notables qu'il a reçue ce jeudi, une «partie des indemnisations sera versée aux commerçants sur le compte du ministère de la Solidarité nationale, nonobstant les dédommagements qui sont inscrits à l'indicatif des compagnies d'assurances», a-t-elle expliqué. Mais alors que le gouvernement, sur instigation du chef de l'Etat, semble avoir pris les mesures nécessaires pour un retour à la normale le plus rapidement possible, une dizaine de comités de quartiers et des notables de la région appellent au boycott de l'école, à la veille de la reprise du chemin des classes, prévue aujourd'hui dimanche. Selon des membres du comité de coordination et de suivi, chargé de négocier avec les autorités au nom des commerçants issus de la communauté mozabite, les «négociations menées avec le PM, Abdelmalek Sellal, n'ont pas donné les résultats escomptés». Selon des sources locales, l'appel au boycott de l'école n'est pas seulement motivé par le mécontentement d'une partie des commerçants, «déçus par l'initiative des autorités», mais «plutôt par les appréhensions des parents d'élèves qui craignent pour la sécurité de leurs enfants, dans une ville qui n'a pas encore retrouvé son calme habituel». Pour rassurer les parents, le wali de Ghardaïa, qui a appelé à «éloigner les enfants des tensions communautaires», a réuni la commission de sécurité qui a pris une «série de mesures» pour rassurer la population, en déployant des policiers et des gendarmes autour des écoles, et conjurer ainsi les risques d'affrontements directs entre les deux communautés en conflit. Une autre revendication leitmotiv des notables des deux communautés de la capitale du Mzab consiste également dans l'exigence d'une «justice pour tous, surtout pour ceux dont la responsabilité est prouvée dans les derniers événements qui ont ébranlé la région», selon le comité de coordination et de suivi, qui agit sous la houlette de la communauté mozabite. Pour tenter de conjurer tout risque de dérapage, le gouvernement a décidé de l'envoi sur place du secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Ahmed Adli, qui n'est autre que l'ex-wali de Ghardaïa, un commis de l'Etat, présenté comme un «fin connaisseur des problèmes et spécificités de la pentapole du Mzab». L'arrivée de l'émissaire de Tayeb Belaïz devrait être mise à profit pour l'installation des comités de sages au niveau des communes touchées par les dernières violences, une mesure prise lors de la rencontre à Alger entre Abdelmalek Sellal et les représentants des communautés qui peuplent la région du Mzab. Parallèlement à cette rencontre avec des représentants des deux communautés en conflit, Abdelmalek Sellal avait rencontré, jeudi dernier, une délégation de parlementaires du FFS, pour tenter de conjuguer les efforts et arriver à des solutions viables sur le terrain. Des affrontements, souvent violents, opposent d'une manière récurrente les deux communautés qui habitent la région de Ghardaïa, un véritable «casse-tête» pour le gouvernement, avec en première ligne les autorités locales qui font tout pour ne pas arriver au point de non-retour.