Premier chapitre : La solitude... Résumé : Fateha tente de raisonner son mari. Ils l'ont bien éduquée. Ils n'ont rien à craindre pour elle. Djaâfar n'est pas de son avis. Il a peur pour sa fille des pièges que la vie tend de façon déguisée. Fateha le trouve tendu et nerveux. Elle lui propose de prendre des vacances... Djaâfar a un sourire au coin de la bouche. Il comprend son inquiétude. Cela fait six ans qu'il n'a pas pris de congé. Même s'il est épuisé, il a des responsabilités qui le contraignent à ne pas abandonner son poste, même pour quelques semaines. - Songe à t'arrêter cinq ou six ans, le temps de permettre à notre fille d'étudier en toute tranquillité ! poursuit-elle. On n'aurait pas à lui imposer d'autres études que celles qu'elle voudrait effectuer et on n'aura pas à se séparer... Même si la chose est inévitable. Elle grandit, lui rappelle-t-elle. Un jour viendra où elle se mariera et fondera une famille ! - Mais ce n'est pas demain que cela arrivera, réplique Djaâfar. La nouvelle génération attend d'avoir un travail et des économies avant de penser à fonder une famille ! On en a encore pour dix ou douze ans ! - Ma parole, tu feras tout pour qu'elle se marie tardivement, remarque-t-elle. - C'est mon unique enfant et si je suis aussi protecteur, c'est parce que... - Tu nous aimes, termine Fateha à sa place. On le sait mais en continuant ainsi tu risques de l'étouffer avec ton amour ! Lâche-la un peu... Djaâfar reconnaît qu'elle a raison mais c'est plus fort que lui. S'il lâche du lest, qu'adviendra-t-il ? Tant qu'il ne peut pas répondre à cette question, il préfère continuer à contrôler sa vie, dans le moindre fait et geste. - Je ne te promets rien ! J'essayerais... Mais à son ton plein de désinvolture, Fateha ne se fait pas d'illusion. Il ne fera aucun effort. - Je vais ranger un peu, décide-t-elle. Sinon tu n'auras pas où dormir. J'ai posé des affaires sur le lit ! - Je vais regarder la télé, en attendant ! Eteins la lumière, la prie-t-il avant qu'elle ne sorte. Fateha éteint et quitte la pièce. Elle va à sa chambre où traînent sur le sol des sacs de voyage, des valises et des cartons. Elle reprend le tri des affaires, mettant de côté celles dont elle ne voulait plus et qu'elle donnerait aux nécessiteux du quartier. Elle les met dans les cartons, prenant le soin d'écrire au feutre ce qu'ils contiennent. Elle met ses vêtements d'été dans les valises et dans les sacs de voyage, les draps, les couvre-lits auxquels elle est attachée. Une fois que le lit est débarrassé et refait, elle met les cartons et les sacs dans le coin de la chambre. Elle glisse les valises sous le lit. Elle les prend avec elles, à Oran. Le temps de la visite familiale, elle ne veut pas effectuer des achats qui risquent encore de l'encombrer davantage. Avant de se coucher, elle passe voir si Inès dort. Elle la trouve en train de lire un recueil de poésie. - Je croyais que tu dormais sans avoir éteint ta lampe de chevet, dit-elle en entrant s'asseoir sur le bord du lit. - Je voulais lire un peu avant de dormir... Ça va maman ? - Oui, pourquoi cette question ? La jeune fille sourit. Elle montre son front. - Il est tout plissé, dit-elle. Tu as des soucis ? - Non, non... Je suis fatiguée, c'est tout ! Elle étouffe un bâillement. - Une fois qu'on en a fini avec le déménagement, on part à Oran... Tu es contente à la perspective de passer des vacances chez tes grands-parents ? - Oui. Il y a longtemps qu'on ne les a pas vus, lui rappelle Inès. Je sais qu'entre vous ça ne va pas fort mais vous pouvez vous supporter ! C'est une question de quelques jours... - On en profitera pour sortir ! Je me vois mal rester avec eux matin et soir ! - Pourquoi le courant ne passe-t-il pas entre vous ? Fateha hausse les épaules. - C'est un sujet qui prendrait des heures et des heures, dit-elle. Je te raconterais une autre fois, lui promet-elle. (À suivre) A. K. Nom Adresse email