"Nous sommes près de 7 millions et demi de femmes en Algérie en âge d'aller voter et de choisir donc le ou la représentante au niveau national. Aujourd'hui, c'est une charnière pour nous. Toutes ces femmes doivent interpeller les candidats et voir dans leur programme ce qu'ils prévoient comme changement dans la situation de la femme algérienne." L'importance de la place de la femme et la portée de sa voix, lors des scrutins passés et de la prochaine élection présidentielle, étaient au cœur du discours de Nadia Aït Zaï, présidente du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme en Algérie (Ciddef). Intervenant à l'ouverture des travaux de la rencontre sur les "Femmes et politique publique", qui s'est tenue à l'hôtel El-Biar (Alger) et qui s'inscrit dans le cadre du projet "Renforcement des capacités des femmes parlementaires en matière d'égalité homme/femme et en matière de propositions de lois", soutenue par l'ONU-Femmes et les Pays-Bas, l'avocate a mis en exergue la relation entre la voix d'une femme sans cesse convoitée et l'enjeu électoral, notamment lors du scrutin du 17 avril prochain. De l'avis de Mme Aït Zaï, une voix de la femme équivaut à "une voix de l'homme" pendant le vote ; aussi, il est attendu des candidats qu'ils traduisent cette réalité/vérité dans leur programme électoral, ainsi que "les inquiétudes et les demandes de la société civile". L'intervenante a, en outre, parlé de certaines "avancées" en matière de promotion et de participation de la femme, en rendant hommage aux militantes et combattantes de la guerre de Libération nationale, et au "travail de fourmi" de certaines d'entre elles, en particulier Jeanine Belkhodja, décédée dernièrement. "C'est à la faveur de ces femmes-là, souvent contraintes au silence, que nous sommes venues à ce travail (associatif, ndlr) pour participer à la gestion de l'Algérie et contribuer à l'élaboration des politiques publiques, car la société civile a son mot à dire sur ces politiques publiques", a-t-elle déclaré à l'adresse des parlementaires, des militantes d'associations, des représentantes du ministère de la Solidarité et de la Famille et de celles de la Commission nationale consultative de la protection et la promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH). Elle a aussi rappelé que "tous les programmes" initiés par les associations sont "des programmes en direction des pouvoirs publics et de la population-cible". Pour ce qui est des femmes élues, en général, et des femmes parlementaires, en particulier, "leur rôle est de retraduire dans les faits les attentes et aspirations des électrices, et ce, au nom des valeurs de solidarité et d'égalité qui sont contenues dans la Constitution". Dans le dernier numéro de la revue du Ciddef, il est relevé que le droit d'être électrice et éligible accordé à la femme a connu "des hauts et des bas" en Algérie. L'association a signalé que grâce au plaidoyer sur le système des quotas entrepris par des associations féminines et des militantes politiques, "la volonté politique" s'est exprimée : en 2008, l'article 31 bis est introduit dans la Constitution, consacrant "l'augmentation des chances d'accès des femmes à la représentation dans les assemblées élues". Pour le Ciddef, les femmes algériennes "ont été là au moment de la guerre d'Algérie, elles ont été là pour sauver la République des terroristes islamistes, elles sont là et seront toujours là". En plus clair, désormais, "il faudra compter avec elles". Jeudi, Mme Aït Zaï, louant "les avancées et l'effectivité" de la Convention internationale contre les discriminations faites aux femmes (Cedaw), qui a été ratifiée par l'Algérie en 1996, a assuré que "les réserves restantes peuvent être levées sans que l'on trouve à redire", et ce, d'autant qu'il y a "tous les ingrédients pour plus de justice". H. A Nom Adresse email