Des universitaires et des membres de la société civile se sont relayés à la tribune de l'amphithéâtre de l'Institut islamique de Sidi Abderrahmane pour brosser un tableau peu reluisant sur l'environnement dans la région. À l'initiative de l'APC d'Illoula Oumalou, dans la daïra de Bouzeguène, une journée thématique sur la protection de l'environnement et la gestion des déchets ménagers s'est tenue, récemment , dans l'amphithéâtre de l'institut islamique de Sidi Abderrahmane, en présence de nombreux invités dont des universitaires, des responsables associatifs, des élus locaux et des députés. Après les prises de paroles du P/APC d'Illoula et du chef de daïra de Bouzeguène, le professeur Idir Ahmed Zaïd dressera un constat alarmant sur la dégradation de l'environnement. Il met en cause tous les acteurs, partant de l'incivisme des citoyens à l'incapacité des pouvoirs publics à prendre en charge le phénomène de la prolifération des déchets. Idir Ahmed Zaïd a dit qu'il faut attaquer le mal en fonction de notre propre sociologie et en préconisant la résurgence des pratiques environnementales ancestrales. Il dira en substance : "Aujourd'hui, il y a une interaction dans la gestion de l'environnement par l'abandon de nos traditions et, à travers elles, tous les gestes qui participent à la protection de cet environnement sont occultés. Il faut par ailleurs, quantifier le nombre de décharges, créer des boîtes de gestion des ordures, évaluer le phénomène de l'urbanisation qui a entraîné un accru de déchets et reconsidérer ce déchet non pas comme une ordure mais comme une plus-value qui deviendra une source de revenus". De son côté, Malika Ahmed Zaïd a traité le thème de la relation entre le village et l'Etat (dawla ou beylek) et du rôle des collectivités locales et s'est interrogée sur leur manque de maîtrise dans la gestion des déchets. "L'Etat doit s'organiser comme un village, avec des lois, des cotisations et des amendes et d'agir essentiellement sur son économie résidentielle". Malika A. Z. a insisté sur la nécessité d'initier les enfants à la protection de l'environnement au sein des écoles. "Le CET est l'unique solution d'enfouissement préconisée par l'Etat mais ne résout pas le problème puisque le danger demeure entier et les générations à venir payeront nos errements avec la pollution des nappes souterraines en plus de la pollution de l'air et la multiplication des insectes et des animaux parasites", dira le professeur S. Makhlouf. "Il faut éviter l'élimination anarchique des déchets et encourager la filière de la récupération en allant vers un tri sélectif, et ce en responsabilisant le producteur générateur de déchets et en appliquant la politique du pollueur-payeur". L'orateur parlera de la nécessité de récupération du biogaz à partir des déchets. "Non récupéré et relâché dans l'atmosphère, le biogaz constitue un puissant gaz à effet de serre. Mais le biogaz peut également être récupéré dans le but de produire de l'énergie. Il présente l'avantage d'être valorisable et limite le recours et l'importation d'énergies fossiles". Arezki Hamoum, grâce à des images aériennes, fera un état des lieux du nombre important de décharges qui polluent les montagnes kabyles. "Certaines sont bien contrôlées mais beaucoup constituent un danger permanent", dira-t-il. Enfin, de son côté, Mohand Messaoudène, forestier de formation, a dénoncé une destruction effrénée des forêts. "Au moment où l'Etat est quasiment absent, l'inconscience et l'incivisme des citoyens ne font que compliquer les choses", a-t-il déclaré. C. N. O Nom Adresse email