Alger fait face à une âpre réalité, celle des décharges publiques réglementées ou ce qu'on appelle les CET (centres d'enfouissement techniques) dont les casiers affichent un trop-plein. Non seulement les surfaces de résorption des déchets sont saturées, mais il y a cette épée de Damoclès brandie sur notre environnement, comme l'émanation des biogaz (méthane) lâchés dans notre quotidien — et non valorisés — ou le glissement des talus, comme cela s'est passé il y a trois semaines dans le CET de Oued Smar : un désastre écologique causé par les lixiviats (liquides résiduels) non traités, d'où le risque de contamination des nappes phréatiques. Bien que la mise en œuvre des programmes spécifiques liés à la gestion des déchets, la protection de la nature, la pollution côtière et marine, la qualité de l'air et la pollution atmosphérique et industrielle remonte au tout début du nouveau siècle, soit à une dizaine d'années, Alger reste sous le coup d'une menace. Elle risque de connaître une grave crise. Dans le Rapport sur l'état et l'avenir de l'environnement (RNE) établi en 2000, il est relevé que « l'Algérie vit une crise écologique sévère : dégradation du cadre de vie, intensification de pollutions diverses, prolifération des déchets urbains et industriels, gestion inadéquate des déchets, etc. » Cela n'est pas moins vrai lorsque, en dépit d'une panoplie de textes juridiques, la gestion des déchets ménagers ne semble pas maîtrisée. Lorsqu'on peine à éradiquer les milliers de décharges sauvages et dépotoirs qui « décorent » nos cités dans nos espaces urbains, suburbains et ruraux. Lorsque Netcom se débat dans le tri sélectif, à travers une opération pilote de quelques déchetteries implantées dans certains quartiers dits huppés de la capitale, aux fins de recyclage. Lorsque l'on se montre inapte à développer le recyclage dit « organique ». Dans une approche de type développement soutenable, les ordures ménagères pourraient ou devraient, grâce à des démarches d'éco-conception en amont, être plus facilement recyclables et pour partie valorisables comme cela s'opère sous d'autres cieux où le recyclage des déchets ménagers se généralise dans l'industrie qui s'organise pour le favoriser, en évitant de mettre à rude contribution les CET. Notre pays « pourrait économiser plus de 300 millions d'euros par an en misant sur le développement du recyclage », nous avait appris, lors d'une rencontre, en 2006, un expert français du groupe Eco Emballage. En attendant, misons sur la décharge de Staouéli qui pourra venir à la rescousse, tout en espérant que les CET de Corso, Réghaïa et Hamiz voient bientôt le jour.