Organisé à l'appel du Collectif des militants républicains et démocrates, un rassemblement de soutien à la communauté mozabite a eu lieu hier à Tizi Ouzou. Le rassemblement a commencé vers 10h30 devant le siège de l'ancienne mairie, actuellement musée de la ville. Parmi les présents, on pouvait distinguer d'anciens députés du RCD notamment, Leïa Hadj Arab et Boussad Boudiaf, ainsi que l'ex-sénateur Mohand Ikhervane, mais aussi le président du MAK, Bouaziz Aït Chebib, et des militants des droits de l'Homme. Sur une banderole exhibée par les manifestants on pouvait lire, écrit en rouge sur un fond blanc : "Ça suffit ! Ghardaïa meurtrie. La République malmenée". Dans une déclaration rendue publique, les initiateurs de ce mouvement ont condamné "les crimes abominables et moyenâgeux commis à l'encontre de paisibles citoyens sans défense qui souhaitent vivre uniquement pour une Algérie de démocratie, de pluralité et de prospérité", ajoutant que "le silence honteux et assourdissant du régime algérien, incapable d'appliquer les lois de la République à l'encontre des auteurs du drame et de faire face au chaos, est délibérément voulu, pour finir par briser toute organisation sociale susceptible d'entretenir l'harmonie entre frères". "Nier l'Histoire, c'est se nier soi-même. Le pouvoir en place, héritier de la France coloniale, se sert de la même politique, diviser pour régner, afin de faire oublier que l'on était tous pour un Etat nord-africain, œuvrant à la pluralité et la diversité culturelle et religieuse, nullement dans l'exclusion", lit-on encore dans le document, dont nous détenons une copie, qui dénonce aussi "la campagne haineuse et mensongère menée par certains médias". Au final, le collectif a rappelé que "dans un Etat de droit, la sécurité des citoyens et de leurs biens, quelles que soient leur race, leur identité ou leur religion, relève de ses prérogatives. Face à l'oppression et l'apartheid que la communauté mozabite subit de la part du pouvoir algérien, qui, depuis des décennies, n'a cessé de mener une politique d'injustice vis-à-vis de l'identité amazighe, nous tenons à condamner énergiquement ces fatals événements et à réaffirmer notre soutien légitime envers nos frères et sœurs mozabites". Les manifestants se sont ensuite dispersés dans le calme, vers 12h, après une lecture publique de la déclaration. Par ailleurs, les habitants de la station balnéaire d'Aokas (Béjaïa) ont tenu, hier matin, à manifester leur solidarité agissante avec les Mozabites. Durant cette journée de solidarité avec les Ibadites, les habitants d'Aokas ont initié une marche, suivie d'un sit-in devant le siège de la daïra. Un lieu symbolique pour interpeller le pouvoir politique sur les tragiques événements qui s'y développent. Et où l'Etat a été jusque-là "plus dans la réaction que dans l'action", alors que "la situation connaît un retentissement international" évident. À Aokas, ils étaient des dizaines à avoir pris part à cette journée de solidarité à laquelle avait appelé un collectif des citoyens de la commune. Mais au-delà du soutien franc et massif aux Mozabites, les manifestants espèrent voir instaurer "la tolérance religieuse et linguistique entre Ibadites et Malékites", et exiger des autorités du pays le règlement définitif de ce problème dont les germes de la fitna ne sont pas encore déracinés de la région. Et d'inviter le gouvernement à ne pas se contenter seulement d'interventions par procuration, laissant le soin, pour reprendre un confrère, "à des services de sécurité décriés parfois et des notables locaux peu représentatifs de ramener le calme". Les manifestants ont expliqué durant la prise de parole que la différence linguistique et religieuse devrait être vécue comme une richesse, la diversité devrait être un atout, et non pas un handicap. Evoquant le bilan de 4 morts dans une communauté, les manifestants ont mis en garde le gouvernement pour que les tueries dont sont l'objet les Mozabites cessent. Et l'invitent à rétablir l'ordre avant qu'il ne soit trop tard. L'Etat est dans tous les cas interpellé pour donner des signaux forts afin de manifester sa présence pour que Ghardaïa ne soit pas "notre Misrata libyen ou le Hama syrien". K. Tighilt /M. Ouyougoute Nom Adresse email