Premier chapitre : la solitude... Résumé : Elles sont là depuis deux jours que sa belle-mère a déjà des projets. Elle voudrait garder Inès, lui rappelant que son mari et elle sont pris par le travail. Elle espère qu'elle ne lui en a pas encore parlé... - Lui en parler ? Mais c'est déjà fait !, lui dit-elle. On en a discuté durant le petit-déjeuner avant qu'elle ne sorte avec ses cousines ! - Elle est sortie sans ma permission ! Si elle continue ainsi, elle sera punie ! - Tu ne veux pas qu'elle les fréquente, c'est tout ! Ce sont de gentilles filles de son âge. Tu n'as rien à craindre d'elles... Fateha sourit en pensant que si elle ne doit rien craindre des cousines, en revanche elle doit se méfier des coups bas de sa belle-mère. Elle reconnaît au fond d'elle-même que ses beaux-parents ont mis le paquet. Ils vont au-devant des désirs de leur petite-fille. Ce serait normal qu'elle craque pour eux et accepte de rester. - Oui, ce sont des anges, réplique-t-elle, alors que la belle-mère lui jette un coup d'œil furtif. Je n'ai rien à craindre d'elles. Mais tu connais ton fils. Il ne tolérera jamais qu'elle sorte sans savoir où elles se rendent et pour combien de temps ! Que dois-je lui dire s'il appelle maintenant ? - Qu'elle est sortie... Pourquoi poserait-il des problèmes ? Avant, il n'en créait pas quand elle jouait avec elles, lui-rappelle sa belle-mère. - C'étaient des gamines, il y a longtemps ! Djaâfar lui refuse toute sortie ! Avant de venir ici, elle était invitée chez une amie et figure-toi qu'on s'est aussi invités ! Il tenait à vérifier qu'il n'y avait pas de garçons ! - Il exagère... - Exagérer ou pas, il n'acceptera jamais de la laisser traîner dehors ! Encore moins qu'elle vive loin de nous ! Fatima sourit, semblant sûre du contraire. - Quand je lui en parlerai, je suis sûre qu'il n'y verra aucun inconvénient ! - Je ne crois pas qu'il sautera de joie, dit Fateha qui commence à trouver la discussion stérile. Tu le constateras de toi-même ! Elle va dans sa chambre et ouvre la fenêtre donnant sur la rue. La villa de ses beaux-parents est bien située, un peu à l'écart du centre-ville mais pas trop loin pour s'y rendre. Il y règne un calme serein. Des femmes rentrent du marché, des sachets de légumes et de fruits frais à bout de bras. Elle s'apprête à rentrer quand elle aperçoit au loin Inès et ses deux cousines. Elles sont en pleine discussion. Malgré la distance, elle peut voir leurs sourires complices. Encore une fois, elle ne peut s'empêcher de penser que le mal ne peut venir que de sa belle-mère. Son beau-père, elle le voyait à table. Sinon il passait son temps au café du quartier à discuter ou à jouer aux dominos avec ses amis et voisins. Et lorsqu'il rentrait, aussitôt après avoir dîné, il s'enfermait dans sa chambre où il regardait la télé avant de s'endormir. Si sa fille se permettait de l'y rejoindre, elle, elle n'en avait pas le courage. Elle n'aurait pas trouvé quoi dire. Il resterait au salon qu'elle aurait fait un effort, mais en s'isolant ainsi, elle y lit un message. Il ne veut pas de sa présence. Elle refuse de s'imposer. Si elle est là, c'est pour faire plaisir à sa fille. Le temps que Djaâfar arrive à Sétif et qu'il règle le problème du logement, elles partiront d'ici. Fateha n'a aucune envie de s'éterniser chez ses beaux-parents. - Bonjour maman ! - Bonjour ! Je peux savoir où tu es allée ? Inès va l'embrasser et, tout en continuant à sourire, lui répond. - J'étais avec Lila et Nadia ! On s'est rendues à la bibliothèque... - Drôle de destination pour des jeunes filles qui sont en vacances ! - C'est le seul endroit où il n'y a pas de garçons, réplique Inès. Au moins là-bas, on est tranquille ! - Vous avez choisi des livres ? - Oui. Inès sort de son sac à dos un livre de littérature française. - Lila a choisi un livre de poésie... - Et Nadia ? - Elle a acheté un appareil-photo. Elle rêve de devenir photographe, lui confie Inès en posant le livre sur la table de chevet. Je voulais te prévenir que j'allais sortir avec elles mais la porte était fermée à clef... J'avais frappé doucement mais tu n'as rien entendu ! Fateha sourit. - Ce devait être tout doucement, alors ! (À suivre) A. K. Nom Adresse email