L'attaque, dimanche, d'un bus de touristes sud-coréens, qui a fait au moins quatre morts et 14 blessés, au passage de Taba, frontalier avec Israël, marque une nouvelle étape dans le regain d'activité terroriste dans le Sinaï. La péninsule frontalière de Gaza et d'Israël n'avait pas connu d'attaques contre des touristes étrangers depuis les attentats en avril 2006. Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013, les heurts s'y multiplient. Pourtant, les forces de sécurité égyptiennes y ont renforcé leurs dispositifs, notamment dans le triangle formé par les villes d'El-Arich, Rafah et Cheikh-Zoueid, à la frontière avec Israël, lesquels ont installé des batteries antimissiles du «Dôme de fer» dans la proche la station balnéaire d'Eilat. Le terrorisme au Sinaï n'est pas nouveau, il s'y est fixé dans les années 1980, encouragé par les conflits récurrents entre ses habitants, des bédouins, contre le pouvoir central du Caire. La péninsule est une zone d'accès difficile. C'est, du reste, une zone de non-droit avec ses trafiquants d'armes et de drogues et ses barons de l'informel. Les djihadistes, groupés autour du mouvement Takfir (excommunication des apostats), se sont d'abord attaqué aux forces sécuritaires égyptiennes "impies", et de temps en temps aux intérêts israéliens important dans les stations balnéaires. Ce sont des salafistes djihadistes qui se reconnaissent dans la mouvance Al-Qaïda, comme Ansar Beit Al-Makdis qui a revendiqué l'attaque contre les touristes coréens, avertissant de continuer à attaquer les intérêts économiques et financiers de l'Egypte. Takfir a été rejoint depuis 2013 par des djihadistes évadés de prison pendant la révolution du Nil de 2011, bédouins, d'autres graciées par l'ex-président islamiste Morsi, par des étrangers, notamment yéménites, voir des «personnalités» djihadistes, comme Ramzi Mawafi, le médecin d'Oussama Ben Laden, évadé de prison en même temps que Morsi pendant les manifestations contre Hosni Moubarak. Certains djihadistes passés par la Syrie ont une grande expérience militaire, comme le montrent les dernières actions, dont l'hélicoptère de l'armée égyptienne abattu près de Cheikh Zoueid, le 26 janvier. Après la destitution de Morsi par l'armée, les Frères musulmans sont déclarés "terroristes". Plusieurs d'entre eux rejoignent les groupes djihadistes du Sinaï pour en constituer des bases logistiques au Caire et dans les provinces d'Ismaïlia, Suez ou Mansoura. Au Caire, Takfir s'est ainsi redéployé sur la base d'Ajnad Masar, apparu fin janvier en revendiquant ses premiers attentats à la bombe. Les terroristes surfent sur la situation explosive régnant en Egypte. Leur objectif est double : plonger le pays dans le chaos à la veille de rendez-vous stratégiques, les élections générales (présidentielle, législatives et municipales). Mettre des bâtons dans les roues de la coopération égypto-israélienne qui a rebondi depuis l'éviction de Morsi, proche des Frères musulmans palestiniens de Gaza. La multiplication des attaques terroristes a en effet remis à l'honneur les relations sécuritaires entre Israël et l'Egypte, qui se sont renforcées après les premières attaques terroristes dans le Sinaï depuis la révolution du Nil (2011). Les autorités égyptiennes et israéliennes ont alors accru leur coopération sécuritaire dans la péninsule, après la déstabilisation de l'appareil sécuritaire égyptien et l'afflux d'armes depuis la Libye et le Soudan. D. B Nom Adresse email