La candidature très contestée du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, suscite plus que jamais l'inquiétude des partis politiques de l'opposition qui craignent de voir le pays s'enliser dans une crise profonde. Près d'une semaine après l'annonce officielle de sa candidature faite, par procuration, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, la tension monte chez les opposants au quatrième mandat. Une virée aux sièges-QG de plusieurs partis nous a permis de vérifier de près ce climat d'inquiétude qui s'empare de leurs directions respectives. Hormis le Parti des travailleurs (PT) où il est plutôt question de "finaliser" le dossier de la candidate-maison, Louisa Hanoune, partout ailleurs, aux sièges du RCD, du MSP et de Jil Djadid, en effet, l'heure est à la mobilisation pour "contrecarrer" le quatrième mandat. Le Front des forces socialistes (FFS) est, quant à lui, encore dans l'expectative. "Pour l'instant, nous n'avons encore rien décidé concernant l'attitude et la position à adopter par rapport à l'élection présidentielle. Nos décisions seront rendues publiques après la tenue d'une session du conseil national, prévue dans les prochains jours", nous a confié un militant du parti. En revanche, pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Mouvement pour la société de la paix (MSP) et Jil Djadid, cette question est déjà tranchée : "Nous allons tout faire pour barrer la route à cette mascarade !" C'est, en somme, le propos corroboré par les représentants des trois partis cités. Autant ils convergent vers le même objectif, à savoir s'opposer à l'option du quatrième mandat qu'on veut imposer aux Algériens sous prétexte de "préserver la stabilité du pays", autant ces partis comptent faire de la campagne "anti-vote" une cause commune. C'est ainsi qu'ils ont d'ores et déjà engagé des pourparlers pour définir une éventuelle stratégie à adopter ensemble. "Oui, nous sommes en consultations avec des partenaires politiques en vue de définir une stratégie commune et des actions à mener ensemble. Cette mascarade d'imposer un dictateur impotent pour un quatrième mandat de suite, c'est une question qui n'interpelle pas que le RCD seulement, mais elle concerne tous les patriotes. D'où notre appel déjà lancé pour la tenue d'une conférence nationale sur cette question qui, je répète, concerne tous les Algériens soucieux de sauver le pays de cette situation de négation à la politique (...)", regrette le Dr Salah Belmekki, cadre du RCD. Même son de cloche chez le chargé de communication du MSP, Zineddine Tebbal, qui rappelle que l'option de boycotter cette élection présidentielle, décidée par son parti, le RCD et bien d'autres partis, est avant tout un droit constitutionnel. M. Tebbal affirme que le travail de sensibiliser le maximum de gens pour adhérer à ce choix, à savoir boycotter l'élection, a déjà commencé sur le terrain à travers de multiples activités engagées par le MSP et ses partenaires, (des journées ouvertes, des rencontres de proximités, sur les réseaux sociaux...). Cette démarche, explique le porte-parole du MSP, consiste à "expliquer le bien-fondé de notre position au peuple dont l'avenir est mis en jeu". M. Tebbal rappel que la décision de boycotter cette élection n'était pas forcément liée à la candidature du président Bouteflika, mais plutôt au "jeu fermé" qui se dessinait il y a déjà plusieurs mois. "Les conditions d'une élection libre ne sont pas réunies", déplore M. Tebbal qui souhaite voir le front des boycotteurs s'élargir dans les jours à venir. Une idée que partage parfaitement le président de Jil Djadid, Soufiane Djilali, qui adhère aussi à l'idée d'engager un dialogue politique national afin de s'opposer au quatrième mandat de Bouteflika. "Ma décision de me retirer de cette élection est irréversible", a confirmé M. Djilali, dont le parti, indique-t-il, prévoit une série d'activités pour le week-end prochain. Jil Djadid tiendra successivement, aujourd'hui et demain, un conseil politique de l'instance suprême du parti et un son conseil national, qui seront suivis par l'organisation, samedi, d'une conférence de presse. M. Djilali, qui n'écarte pas de s'allier au front des boycotteurs, avertit que l'action de son parti sera active. Pendant ce temps, le parti de Louisa Hanoune, lui, continue, malgré tout, à croire à l'élection présidentielle. "Au PT, nous ne sommes pas influencés par l'annonce de la candidature de Bouteflika. Nous avons plutôt investi le terrain depuis l'annonce de la candidature de notre secrétaire générale du parti. À présent (hier ndlr), nous sommes au stade de finaliser la collecte de signatures pour notre candidate que nous comptons présenter avant le délai légal", a tenu à préciser M. Djoudi, chargé de communication du PT. Et d'ajouter enthousiaste : "On croit en nos chances et en notre candidate." La participation du PT, enchaîne le même responsable, se veut également une manière de réaffirmer la présence du parti en tant qu'observateur de cette élection sur laquelle le spectre de la fraude plane plus que jamais... F. A Nom Adresse email