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L'ambassadeur sahraoui à propos des relations franco-marocaines
"Le Maroc veut que Paris continue à soutenir sa politique d'occupation"
Publié dans Liberté le 04 - 03 - 2014

Pour le diplomate, la solution au problème reste le référendum d'autodétermination pour permettre au peuple sahraoui de choisir librement son avenir.
"Le Maroc veut anticiper le débat sur le Sahara occidental au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU, car il a peur du petit geste dans la position française." Ces propos ont été tenus, hier, par l'ambassadeur de la RASD en Algérie, lors d'une rencontre sur les relations entre Paris et Rabat, qui a eu lieu au Centre d'information sahraoui, à Alger. Dans son intervention, le diplomate s'est référé à la visite du Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, en décembre dernier, dans notre pays, et de la position de la France sur le règlement du conflit du Sahara occidental.
Dans un communiqué conjoint, les deux pays avaient consigné, en effet, qu'ils se félicitaient "de la constance de l'engagement de l'ONU et de la communauté internationale pour un règlement juste et durable de la question du Sahara occidental". Tout en précisant que la solution doit être "une solution politique mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations unies, ainsi que des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l'ONU". S'appuyant surtout sur le reniement des engagements internationaux du Maroc, quant à la tenue d'un référendum d'autodétermination, M. Ghali a estimé que l'occupant marocain fera tout, y compris par le chantage, pour que la France, jusque-là soutien inconditionnel de Rabat, reprenne "sa position initiale". L'ambassadeur sahraoui a également évoqué "les provocations" du voisin de l'ouest et ses tentatives visant l'exclusion de l'Algérie du dossier malien et l'effacement de son influence dans la région. Le Maroc, dira-t-il, est un Etat narco-terroriste, en observant que ce sont les services de renseignement de ce pays qui ont créé le Mujao au Nord-Mali. Invité à la rencontre, le juriste Boudjema Souilah s'est exprimé sur la genèse du conflit entre le Maroc et le Polisario.
Selon lui, le droit du peuple sahraoui est un principe qui souffre d'application. L'intervenant n'a pas cessé de se demander "pourquoi cette latence" entourant le dossier de la décolonisation, alors que tous les éléments sont là pour faire légitimer l'application du droit international. Par "éléments", il a cité, notamment, la déclaration 15-14 des Nations unies et les conclusions de la Cour internationale de la Haye, ainsi que le fameux avis juridique de Hans Corell au Conseil de sécurité, dans lequel l'ancien conseiller juridique de l'ONU soulignait, en 2002, que le Maroc n'est pas reconnu par les Nations unies en tant que "puissance administrante" au Sahara occidental, ainsi que les innombrables violations des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés. Sans omettre d'aborder les "discriminations" à l'encontre des Sahraouis qui sont "séparés" par un mur et privés des richesses de leur pays. Pour Boudjema Souilah, la question sahraouie est otage d'une "politique de deux poids, deux mesures" de la part des instances de décisions de l'organisation des Nations unies.
Sinon, comment expliquer qu'avec tous les rapports d'ONG, d'autres organisations et même celui, plus récent, du département d'Etat américain, révélant les atteintes aux droits de l'Homme au Sahara occidental et adressées au secrétaire de l'ONU, celui-ci tarde à dépêcher une enquête dans les territoires sahraouis occupés pour mettre un terme aux souffrances d'un peuple ? Comment se fait-il aussi que la Minurso soit "la seule et unique" mission onusienne à être dépossédée des prérogatives touchant la protection de la population sahraouie civile et celle des droits de l'Homme ? Et comment se fait-il que "l'agresseur et l'agressé" soient placés sur le même piédestal ? "Aujourd'hui, il est grand temps que tous ces rapports d'information se transforment en rapports exigeant des actes, pour organiser un référendum d'autodétermination", a déclaré Brahim Ghali, avant d'ajouter : "Il n'y aura pas de solution sans la consultation démocratique du peuple sahraoui."
H. A
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