Le siège de l'APN abrite, depuis hier, le premier Colloque parlementaire international consacré à “l'autodétermination des peuples”, qui a été initié par le groupe parlementaire d'amitié et de fraternité “Algérie-Sahara occidental”. Commentant la rencontre de deux jours, le président de l'APN, Abdelaziz Ziari, a déclaré à l'ouverture des travaux que l'organisation d'un tel forum “exprime la position ferme de l'Algérie de défense de causes justes dans le monde”. Il a, par ailleurs, précisé que la position d'Alger, pays membre des Nations unies, s'accorde avec “la légalité internationale”. Plus loin, M. Ziari a réagi aux développements ayant marqué récemment le dossier de décolonisation du Sahara occidental et constaté que le conflit maroco-sahraoui “perdure et reste, par conséquent, un foyer de tension dans la région du Maghreb”. De l'avis du président du Parlement, la solution à ce conflit est tributaire des négociations engagées sous la conduite de l'ONU, en vue de la tenue d'un “référendum juste sur l'autodétermination du peuple sahraoui”. Des universitaires sont également intervenus, notamment sur “l'histoire du principe des peuples à disposer d'eux-mêmes” et celle de la consultation référendaire comme “solution historique aux questions de décolonisation”. Pour le juriste Boudjemaâ Souilah, également président de la commission des affaires étrangères du Conseil de la nation, il est heureux d'enregistrer que 53 pays dans le monde ont recouvré leur indépendance depuis l'adoption de la Charte des Nations unies. Sur le registre de l'autodétermination, ce dernier a tenu à mettre en avant “les responsabilités” qui incombent à la communauté internationale et au Conseil de sécurité vis-à-vis des peuples “agressés et colonisés”. M. Souilah a estimé qu'il revient à l'ONU de “s'adapter aux principes de l'autodétermination”, en prenant en compte, dans le même temps, les “questions sensibles”, telles que le pillage des richesses naturelles des territoires occupés, les atteintes aux droits de l'Homme, etc. La mise en garde de Mahfoud Ali Beïba Pendant la journée d'hier, des députés et sénateurs, algériens et étrangers, se sont exprimés sur les déclarations faites, le 27 avril dernier, par l'envoyé personnel du secrétaire général au Sahara occidental, qui a suggéré au Conseil de sécurité d'exclure l'option d'indépendance. Pour bon nombre d'entre eux, Peter van Walsum “a outrepassé son rôle de médiateur et de facilitateur de l'ONU” et s'est même “discrédité en s'écartant du chemin de la neutralité”, voire en faisant table rase des “positions de l'Assemblée générale et des autres structures de l'ONU, ainsi que des luttes et des souffrances des Sahraouis”. Ces avis confortent la position du Front Polisario et des autorités de la RASD, une position réitérée hier par le président du Parlement sahraoui, Mahfoud Ali Beïba. Dans une déclaration faite à la presse, en marge du séminaire, ce dernier a souligné que Peter van Walsum, “d'un point de vue moral, n'avait pas à tenir de tels propos”. “M. Walsum, en tenant de tels propos, a mis fin, de fait, à sa fonction de médiateur”. Le président de la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset (Etats-Unis) a également laissé entendre que la sortie de l'émissaire de l'ONU n'a rien d'étonnant car “nous savions que M. Walsum avait, dès le départ, une idée bien arrêtée sur le conflit”, que son coup de force s'ajoute à la liste des opposants à l'autodétermination et à l'indépendance. “Certains secrétaires généraux des Nations unies et leurs envoyés spéciaux nous ont habitués à ce parti pris en faveur du Maroc”, a expliqué M. Beïba, référence faite notamment à Peres de Cuellar, Boutros Boutros-Ghali et Kofi Annan, les prédécesseurs de Ban Ki-moon. Sur un autre plan, le responsable du Parlement sahraoui a insisté sur l'attachement du Polisario à ses engagements internationaux, affirmant : “Pour nous, les Nations unies représentent le cadre approprié des négociations pour la recherche d'une solution politique, sur la base des résolutions, qui ont pour finalité l'autodétermination du peuple sahraoui.” Il a, cependant, mis en garde contre toute tentative d'imposer une solution contraire à la volonté et aux droits nationaux des Sahraouis, dont les conséquences seront dramatiques pour la région. “Le Maroc a 160 000 soldats devant le mur (érigé par Rabat dans les années 80, ndlr). C'est vrai que les deux forces en présence ne sont pas équilibrées, mais dans le cas où la solution politique n'aboutit pas, toutes les options sont possibles, y compris la lutte armée”, a-t-il annoncé. Enfin, concernant la prochaine réunion du Conseil de sécurité, prévue pour demain, M. Beïba a exprimé son soulagement après la désapprobation, par ce même conseil, des “idées personnelles” de Peter van Walsum. “La prochaine résolution du Conseil de sécurité va clarifier les perspectives du processus de négociations”, a-t-il déclaré. H. Ameyar