Ce n'est pas un canular. Bouteflika a bel et bien déposé son dossier. Himself. Le montage, 50 secondes, réalisé par l'ENTV le montre assis à côté de Mourad Medelci, président du Conseil constitutionnel. Décryptage. Lundi, jour de dépôt de candidature du président Bouteflika, il était impossible de stationner ou même de ralentir à partir du rond-point du Val d'Hydra, jusqu'à la fin du boulevard du 11-Décembre 1960 à El-Biar. Les nombreux agents de police y ont veillé dès le petit matin. Ce tronçon, qui compte plusieurs restaurants huppés, attire d'habitude un important flux de voitures. De fait, les gardiens de parking y sont plus épanouis qu'ailleurs dans la capitale. Les habitués des lieux n'ont pas été prévenus du passage présidentiel. "Une cinquantaine de voitures ont été enlevées par un bataillon de grues dépêchées par la police tôt le matin", se plaint le gardien de parking, qui tente, tant bien que mal, d'entasser les véhicules des riverains, en double et triple files, dans les ruelles adjacentes. "C'est impossible de travailler aujourd'hui... On dit que le Président va passer par là !", dit-il sceptique. "Peut-être qu'ils vont nous ramener un clone ou quelqu'un qui lui ressemble", plaisante-t-il. Mais il ne s'agissait point d'un canular. Le président Abdelaziz Bouteflika a bel et bien déposé, en personne, son dossier de candidature pour briguer un 4e quinquennat. C'était bien lui qui était assis sur le siège passager, à l'avant de sa voiture lorsqu'elle a franchi, lundi après-midi, l'entrée du Conseil constitutionnel. Le Président a été aperçu, une seconde fois, à travers les vitres teintées, quittant la plus haute institution juridique. Le chauffeur a ralenti pour laisser les journalistes voir Abdelaziz Bouteflika, tout sourire, saluant de sa main droite une poignée de partisans regroupés de l'autre côté du boulevard. Voici l'unique image que pouvaient décrire les journalistes et les photographes de la presse nationale, qui ont campé une journée durant, pour ne rien rater de l'apparition du Président. Parmi la corporation des médias algériens, il y avait les privilégiés qui ont pu entrer au siège du Conseil constitutionnel et assister à la cérémonie de dépôt de candidature. Il s'agit des caméras de la télévision publique qui a diffusé ces images inédites, le jour même, dans le journal de 19h. Seule reste, pour le commun des journalistes, la possibilité de décrypter ces images. Le montage réalisé par l'ENTV montre, pendant 50 secondes, le Président assis à côté de Mourad Medelci, président du Conseil constitutionnel. Une table, qui arrive à hauteur des accoudoirs de leur chaise, sépare les deux hommes. Le présentateur du journal télévisé annonce le dépôt de candidature pendant que les images montrent Medelci s'adressant au Président qui l'écoute et le regarde. Le caméraman opère un zoom sur Abdelaziz Bouteflika qui joint les mains et dont le mouvement des lèvres suggère qu'il discute avec M. Medelci. Puis, le commentaire du présentateur du journal télévisé se tait pour laisser place à la parole du Président qui apparaît en gros plan. Sur le col gauche de sa veste est épinglé ce qui semble être un microphone sans fil. Malgré cela, c'est dans un murmure inaudible que Abdelaziz Bouteflika, les yeux écarquillés, un effort de concentration manifeste, semble réciter sa phrase. Après des premiers mots difficiles à déchiffrer, on entend le Président haletant, qui susurre en langue arabe : "Je suis venu, ici, déposer mon dossier de candidature officiellement, selon l'article 74 de la Constitution et 32 du code électoral." Le chuchotement du Président-candidat durera exactement 14 secondes. Les images montrent, ensuite, un gros plan de la main droite du Président qui signe un document. Puis, Medelci qui le débarrasse du stylo comme de la chemise contenant le document signé. Pour finir, l'ENTV offre un dernier plan serré de Abdelaziz Bouteflika, souriant face aux flashs d'un photographe. A H Nom Adresse email