Toutes les technologies prônées jusqu'ici ont montré leurs limites. Y compris la biométrie qui subit des fraudes à grande échelle et cause un préjudice de près de 230 milliards de dollars dans le monde. L'Algérie est-elle prête ? Eléments de réponse. "On doit renforcer notre potentiel d'expertise scientifique et de savoir-faire praticien afin de servir au mieux la sécurité publique, tout en réduisant d'une manière irrémédiable les espaces de manœuvre où les faiblesses sont susceptibles d'être exploitées par les réseaux criminels spécialisés dans la criminalité sous toutes ses formes (...) L'intérêt est aussi orienté vers les catastrophes majeures, d'origine naturelle, où la mission humanitaire s'impose sur l'aspect sécuritaire s'inspirant du plus profond de sa vocation même." C'est ce qu'a déclaré, hier, le général-major, Nouba Menad, chef d'état-major de la Gendarmerie nationale, à l'ouverture d'un séminaire international sous l'intitulé "L'apport de la biométrie à la sécurité publique". Organisés dans le cadre de l'initiative 5+5 Défense, les travaux du séminaire visent "à renforcer la sécurité et la stabilité de nos pays par la consolidation du partenariat et de la coopération", dira encore M. Nouba. Celui-ci mettra en avant "la capacité de nuisance et d'atteinte à la sécurité publique qui tire profit de la globalisation et de l'instabilité qui caractérisent certaines régions du globe, une criminalité qui ne cesse de prendre des aspects de plus en plus dévastateurs". Du coup, les séminaristes ont eu à échanger leurs expériences particulières dans le domaine, dont les champs d'application et le potentiel élevé de fiabilité le rangent au premier rang des outils de lutte et de prévention face à la mobilité croissante et au degré de plus en plus élevé de nuisance. Les insuffisances relevées et constatées, les participants auront à s'imprégner des stratégies adoptées par les différentes composantes des gendarmeries ou forces équivalentes dans le domaine de la biométrie et à s'informer mutuellement sur les méthodes de lutte et sur les expériences intégrant les différentes technologies liées à l'usage de la biométrie au service de la sécurité publique. Il faut dire que ce séminaire, le premier du genre en matière de traitement de la biométrie sous toutes ses facettes, était une opportunité pour les experts de la GN d'aborder des thèmes touchant directement aux aspects opérationnels et de recherche scientifique et liés à l'usage de la biométrie. D'ailleurs, les parties prenantes à cette rencontre ont convenu de clôturer le séminaire par des recommandations pour constituer une feuille de route qui permettra aux spécialistes de conjuguer leurs efforts pour une meilleure lutte contre les fléaux et crimes transnationaux par l'usage de la biométrie. Généraliser, c'est bien, mais à quel prix ? Ainsi, l'initiative 5+5 Défense a prôné la généralisation de la biométrie pour renforcer la sécurité régionale. Hier, au Cercle militaire de Beni-Messous, sur les hauteurs d'Alger, les experts ont évoqué toutes les problématiques. D'autant que plus de 60% des pays africains et arabes accusent un retard criant dans ce domaine et mettent, du coup, leur économie en péril, d'une part, et freinent la libre circulation des personnes, de l'autre. Les enjeux définis, ce séminaire a également permis de cerner les objectifs à court et à moyen terme pour ces pays dont le système biométrique est non seulement supposé exposé à la fraude, mais aussi exige de mettre de gros moyens pour se mettre au diapason exigé par la communauté internationale. Eternel jeu du gendarme et du voleur, la biométrie a, elle aussi, ses limites puisque des pays hyper-industrialisées ont eu droit à de grosses faillites financières. Car, la biométrie, ce n'est pas seulement cette empreinte digitale ou oculaire qu'on prélève pour établir un passeport. Faux. La biométrie, c'est aussi la sécurisation des grands comptes, du commerce électronique, des accès aux grands serveurs et aux données classées "secrètes" ou "confidentielles", etc. Là aussi, il serait très difficile de mettre un gendarme derrière chaque serveur, une caméra de surveillance ou encore un parefeu. Mais quand la biométrie est autrement sollicitée par une initiative 5+5 Défense, cela change totalement la donne. Et pour cause, la menace terroriste et le flux immaîtrisable de l'immigration clandestine remettent en cause tous les paramètres de coopération sécuritaire en Méditerranée et remettent au goût du jour la libre circulation des personnes dans la région, notamment dans les pays du Sahel, considérés depuis le 11 septembre 2001 comme un couloir à hauts risques par les experts en lutte antiterroriste. Ce à quoi, l'initiative 5+5 Défense exige des systèmes de reconnaissance plus performants afin de parer aux intrusions et aux usurpations. Sauf que le coût fait office de contrainte majeure pour certains pays. L'Algérie, une puissance "biométriquement" correcte ? Si l'Algérie est vite devenue un marché à fort potentialités en termes de nouvelles technologies, il faut admettre qu'elle a accusé un énorme retard pour mettre à point la biométrie, et qui touche, pour le moment, la carte nationale d'identité et le passeport. Les autres marchés viendront, certes, mais la problématique est là : peut-on vanter une sécurité maximale sous la biométrie alors que la cybercriminalité fait des ravages ? Des éléments de réponse attestent que l'Algérie serait prête à aller sur ce terrain miné. Pour preuve, pas moins de 10 000 cybergendarmes travaillent d'arrache-pied, et au quotidien, dans le cadre de leurs missions d'investigation de routine. Mieux, la mise au point, en 2011, du service chargé de la télématique (numéro vert 10 55) renseigne sur la prise en charge d'un aspect direct des technologies itinérantes, comme la téléphonie mobile. Autre argument en béton qui place l'Algérie au-devant des forces régionales, l'Institut national de la criminologie et de la criminalistique (INCC-GN) de Bouchaoui, qui est vite devenu un pôle d'excellence dans les pays maghrébins et arabes, voire même méditerranéens. Car la biométrie, ce n'est pas seulement les empreintes digitales et oculaires. Aujourd'hui, la vidéo et l'enregistrement sonore peuvent constituer des éléments favorables pour identifier et/ou reconnaître n'importe quel individu. F B Nom Adresse email