Des leaders de l'opposition et des personnalités ayant renoncé à la candidature à la présidentielle du 17 avril engagent aujourd'hui une série d'actions de terrain à l'effet, disent-ils, de promouvoir le mot d'ordre du boycott de ce scrutin et de lui infliger ainsi une "disqualification politique". De son côté, le mouvement Barakat, dans une remarquable évolution, se départit de son slogan exclusivement tourné contre le quatrième mandat pour appeler désormais à un rejet de cette élection. Hasard du calendrier, c'est hier que Djamel Zenati, sans doute une des voix qui comptent le plus parmi les cadres du FFS, toutes générations confondues, de passage au Forum de Liberté, a appelé à une convergence des forces et des acteurs du changement. Qui sont donc ces acteurs et ces forces ? Pour lui, ce sont autant ceux qui appellent au boycott que ceux qui y participent. Hormis, précise-t-il, le "candidat absent" qu'est Bouteflika et ces autres candidats que la candidature n'empêche pas de lui souhaiter un quatrième mandat. Zenati jure qu'ils existent bel et bien. Et nous le croyons volontiers. Vouloir rassembler ceux qui rejettent la présidentielle du 17 avril, car elle constitue à leurs yeux une formalité pour proroger le règne d'un système malfaisant et désuet, et ceux qui y prennent part malgré la fraude annoncée, voilà un pari osé. Djamel Zenati l'ose sans sourciller. Il a ses raisons et elles sont simples à saisir : les uns et les autres veulent le changement et cela suffit à croire en la possibilité d'un mouvement synergique des deux tendances qui vont carrément se confondre au soir du 17 avril. Car le 18 au matin, les bureaux de vote auront fermé et les deux blocs n'auront d'autre alternative que de faire corps pour "disqualifier" le scrutin qui, de toute évidence, n'aura été qu'un nouveau plébiscite obtenu au moyen d'un nouveau hold-up électoral. Plus prosaïquement, les candidats acquis au changement, à supposer qu'ils existent, auront alors la preuve définitive que l'élection n'aura servi à rien, sinon à les convaincre, après coup, qu'il ne fallait pas y prendre part et qu'il était plus indiqué de la rejeter pour ce qu'elle était dès le départ du processus : une farce électorale, un traquenard politique. Tout ça pour ça ? Non. Djamel Zenati est dans la stratégie, pas dans la tactique : à ses yeux, l'élection présidentielle du 17 avril prochain, telle qu'elle s'esquisse déjà, constituerait désormais un passage obligé, voire un tremplin, pour parvenir à un rassemblement des forces du changement quelles qu'auront été leurs positions respectives à l'égard du scrutin. Une vision qui nécessiterait, toutefois, d'être mise à l'épreuve. Nom Adresse email