Ali Benflis, candidat à l'élection présidentielle du 17 avril prochain a adressé une lettre, dont la Rédaction WEB de Liberté a reçu une copie, à Réda Hamiani, président du FCE (Forum des Chefs d'Entreprises). L'ex- chef du gouvernement y présente le volet économique de son programme tout en appelant l'organisation patronale à « se mettre à l'écart du débat politique et œuvrer pour lever les pressions politiques qui fragilisent l'entreprise qui doit pouvoir retrouver sa vocation socioéconomique de facteur central de production de richesses ». Cette lettre intervient alors que l'assemblée générale du FCE est prévue demain jeudi et durant laquelle les spéculations vont bon train sur la position que prendra l'organisation par rapport à l'élection du 17 avril. Voici la lettre intégrale : « Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous transmettre une présentation du volet économique de mon programme électoral que je présenterai après la validation par le Conseil Constitutionnel de ma candidature à la Présidence de la République. Je souhaiterais partager, avec le Forum des Chefs d'Entreprises (FCE), la Stratégie Nationale de développement que comporte le Projet de Renouveau National que je propose au peuple algérien. Ce Projet porte l'ambition de bâtir une société des libertés, fondée sur un Etat de droit garant de la paix et d'une prospérité partagée. Il s'articule autour des de trois axes de réformes prioritaires, intégrées et complémentaires : Je suis conscient que pour réaliser une réelle diversification économique, nous devons impérativement mettre l'entreprise et les opérateurs économiques au cœur des politiques économiques, libérer les initiatives et consacrer véritablement la liberté d'entreprendre. Il ne s'agit pas là de promesses électorales ou de slogans, mais de la conviction qu'en agissant sur les obstacles et les contraintes qui pèsent actuellement sur l'entreprise et la liberté d'entreprendre, nous gagnerons le défi de la croissance économique. La Stratégie Nationale de Développement que je vous propose, s'articule autour de trois domaines d'actions complémentaires : - Libérer les initiatives pour développer les entreprises et créer de l'emploi. - Réindustrialiser le tissu économique et l'insérer dans la compétition mondiale. - Moderniser l'Etat et les institutions pour une refonte de la gouvernance économique Le renouveau de notre pays passe en effet par le développement accéléré de nos capacités de production, donc par l'augmentation significative du nombre de création d'entreprises, car seules les entreprises sont à même de créer durablement des richesses, de la valeur ajoutée et des emplois. Il s'agit de garantir au secteur économique des conditions de développement favorables en améliorant le climat des affaires et en lui assurant l'accès au financement, au foncier et à une main d'œuvre qualifiée dans un cadre légal incitatif et assaini. Il s'agit aussi de rétablir la confiance entre les entreprises et l'Etat, par une refonte la gouvernance des institutions économiques et l'implication de tous les acteurs dans la vie économique. Monsieur le Président, Parmi les mesures phares et les engagements que j'ai pris, figurent notamment pour l'amélioration de l'environnement des affaires, la mise en place du Plan Algérie Numérique et la simplification administrative, la création de l'Agence Nationale de l'Entreprise, la modernisation bancaire et financière, les facilitations d'accès au foncier, la réforme fiscale avec l'allégement de la pression fiscale sur les entreprises, la modernisation de l'Agence nationale de l'Emploi et du code du travail afin qu'il réponde aux impératifs de flexibilité et de sécurité de l'emploi selon les normes du BIT. Cette stratégie comprend également la refonte des mécanismes de formalisation de l'économie car l'économie informelle constitue aujourd'hui une entrave au développement d'un secteur économique pérenne et une concurrence déloyale aux entreprises; des incitations à l'innovation pour élever le degré de compétitivité du secteur économique ainsi que des mécanismes et des dispositifs visant à favoriser la création d'emplois durables. La réindustrialisation de notre tissu économique est portée par le Programme accéléré de renouveau industriel (PARI 2019) qui cible dix secteurs industriels prioritaires pour lesquels l'Algérie dispose d'avantages concurrentiels et d'un potentiel de développement avéré. La mise en œuvre du PARI 2019 impliquera tous les acteurs économiques. La commande publique servira dans ce cadre de levier et d'outil à la réindustrialisation de manière graduelle afin d'accroitre l'effet d'entrainement sur le secteur économique et permettre le développement industriel. La politique commerciale est dans ce cadre redéfinie afin de servir l'industrialisation de notre pays. L'agriculture bénéficie également d'une attention particulière et d'engagements clairs afin de lui permettre de répondre à nos besoins et d'assurer notre sécurité alimentaire. Enfin, la Stratégie Nationale de Développement comprend une redéfinition du rôle de l'Etat dans le secteur économique, car il a un rôle primordial dans ce cadre. La clarté de sa vision économique, la transparence de ses actions, l'implication du secteur économique dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques économiques sont des facteurs indissociables du renouveau économique. Il s'agit d'une part de repenser le rôle de l'Etat en tant qu'actionnaire, d'améliorer la performance et la compétitivité des entreprises publiques économiques et de désengager l'Etat des activités non-stratégiques. Il s'agit, d'autre part, de renforcer le rôle régulateur de l'Etat afin d'assoir l'équité et l'égalité entre tous les opérateurs. Il s'agit, enfin, de développer notre modèle de développement énergétique et de redéfinir la place des hydrocarbures dans le développement économique. La refonte de la gouvernance des institutions économiques vise ainsi à consacrer l'avènement d'un Etat stratège, ouvert, régulateur et facilitateur du développement, transparent dans son action, équitable dans son fonctionnement et pragmatique dans sa démarche. Il est également primordial à mon sens de rétablir la confiance et un véritable dialogue entre l'Etat et les opérateurs économiques. Je suis convaincu qu'un environnement économique et institutionnel plus propice à l'activité de production ne peut être que l'émanation d'une synergie et d'une complémentarité entre tous les acteurs. J'entends faire des opérateurs économiques les partenaires incontournables de l'action de l'Etat dans le secteur économique. Monsieur le Président, Ma démarche d'aujourd'hui procède de l'esprit de transparence, de concertation et de dialogue qui porte mon action politique. Je suis, en effet, persuadé que le renouveau économique ne peut être entrepris que dans un esprit de partenariat et de complémentarité entre les pouvoirs publics et les acteurs économiques. Sans l'implication réelle de ces derniers, aucune stratégie de développement ne peut être entreprise. Je suis convaincu également que la réussite des politiques économiques ne peut être garantie que si elles mettent l'entreprise au centre de leurs préoccupations. C'est dans cet esprit que je vous transmets ce projet et mes propositions pour l'avènement d'une économie diversifiée et performante. Je suis persuadé que le Forum des Chefs d'Entreprises peut apporter sa contribution à la Stratégie Nationale de Développement, par ses observations, ses propositions et par une critique objective et réaliste du projet économique que je vous propose. Je suis convaincu que votre organisation, dont les membres vivent au quotidien la réalité du secteur économique, est une force de propositions et de contre-propositions à même de faire émerger un véritable consensus autour du modèle économique recherché et promouvoir une dynamique vertueuse de développement de l'Algérie. Les défis qui interpellent aujourd'hui l'Algérie exigent de nous tous une mise en œuvre concrète des engagements pris devant le peuple algérien, mais également une participation réelle de tous les acteurs aux choix nationaux. C'est d'ailleurs dans ce cadre que s'inscrit ma démarche et c'est la raison pour laquelle je souhaite associer le Forum des Chefs d'entreprises à une réflexion économique. Je puis vous assurer, Monsieur le Président, que l'objet de ma démarche n'est pas de solliciter l'appui à ma candidature du Forum des Chefs d'Entreprises. Ce n'est ni la motivation de ma démarche, ni la conception que je me fais de la politique ou de l'entreprise. Tout comme je considère qu'il revient au peuple algérien et à chaque citoyen de choisir librement son candidat, j'estime qu'une organisation patronale doit pouvoir se mettre à l'écart du débat politique et œuvrer pour lever les pressions politiques qui fragilisent l'entreprise qui doit pouvoir retrouver sa vocation socioéconomique de facteur central de production de richesses. Je saisis cette occasion pour vous renouveler, à vous-même et aux membres du Forum des Chefs d'Entreprises, mes salutations distinguées et vous souhaiter davantage de succès dans vos missions. Rédaction WEB/LIBERTE Nom Adresse email