À 70, 80 ans, des moudjahidate ont gardé, pour la plupart, une fraîcheur, une jeunesse, une fierté et une noblesse (malgré des blessures jamais cicatrisées), qui suscitent une admiration profonde. C'est en hommage à la femme algérienne dans le rôle qu'elle a joué durant la guerre de Libération nationale dans la Wilaya IV, que la faculté des lettres et langues de l'université Blida 2 (El-Affroun) et la Fondation de la mémoire de la Wilaya IV historique, ont organisé conjointement une conférence, lundi matin. A cet effet, d'anciennes moudjahidate d'El-Affroun, Miliana, Blida, Aïn Defla, Tipasa, Médéa, Boufarik, Saoula, Alger... ont été invitées. Après une brève allocution de bienvenue du Dr Dalila Brakni, doyenne de la fac des lettres et langues, et du Dr Saïd Boumaïza, recteur de l‘université, le Dr Youcef Khatib, a donné un aperçu historique général de la guerre de Libération en citant dans un ordre chronologique les évènements marquants, avec un éclairage particulier sur le rôle de la femme algérienne dans les villes, puis dans le monde rural, et au sein de l'ALN, tout en insistant sur celui de la jeunesse (étudiants et surtout lycéens qui avaient pris le maquis). S'ensuivra l'intervention saisissante de l'historienne Malika El-Korso qui s'est dite "heureuse et très honorée de se trouver parmi des moudjahidate et moudjahidine grâce auxquels je suis ici, aujourd'hui". Soulignant la nécessité d'écrire l'histoire "un devoir de justice", elle insistera sur l'importance des témoignages vivants : "Quelles que soient les informations que l'historien peut avoir à travers l'écrit, la presse, les ouvrages... elles ne pourront jamais remplacer la charge émotionnelle contenue dans un témoignage vivant porté par une larme, une gorge nouée, une grimace..." Elle ne manquera pas d'évoquer le rôle des femmes de l'immigration, trop souvent occulté : "Ces femmes de l'ombre, des centaines d'analphabètes issues des ghettos de Nanterre"..., ainsi que le sort d'une des martyres de la marche pacifique du 17 Octobre 1961 : Fatima Beddar, collégienne de 15 ans jetée dans la Seine avec son cartable. Un grand moment d'émotion. Des larmes inattendues couleront en silence. Quatre héroïques moudjahidate venues d'Alger, Mmes Hassiba Abdelwahab (Wilaya II), Baya Maroc (Wilaya IV), Khedidja Bouguenbour (Wilaya II) et Malika Benkadi (Wilaya IV) seront alors invitées à prendre, tour à tour, la parole pour un témoignage sur leur vécu. L'urgence de témoigner en vue de l'écriture de l'histoire est le souci constant du Dr Youcef Khatib qui insiste, à cet effet, depuis 50 ans, auprès des anciens moudjahidine et responsables. Dans la Fondation qu'il préside, le travail de collecte et d'enregistrement des témoignages se poursuit à travers le territoire de la Wilaya IV qui regroupe 10 wilayas actuelles. Malgré son âge, il se déplace de bon gré avec les membres de la Fondation, partout où il est invité pour une conférence. Refusant de parler politique, il se limite à l'histoire "notre dénominateur commun", avec prudence. Sous des salves d'applaudissements et de youyous stridents, 22 moudjahidate seront honorées, en ce jour qui prolongeait le 8 Mars. A 70, 80 ans, elles ont gardé, pour la plupart, une fraîcheur, une jeunesse, une fierté et une noblesse (malgré des blessures jamais cicatrisées), qui suscitent une admiration profonde. Elles sont l'exemple vivant de la résistance à la puissance ennemie. Mme Malika El-Korso conclura : "Cette révolution restera l'une des plus belles !" Et Mme Dalila Brakni, en marge de la conférence, dira : "Les jeunes générations doivent être fières d'être algériennes, fières de leur histoire qui nécessite d'être traduite en plusieurs langues..." F. S Nom Adresse email