Au moment où des acteurs de la guerre de libération – Chadli et Nezzar – alimentent une polémique sur la Révolution du 1er-Novembre 1954 – polémique qui ressemble à un règlement de comptes –, Youcef Khatib appelle à l'écriture de cette Histoire qui risque d'être dévoyée, alors que les moudjahidine disparaissent l'un après l'autre. A la veille de la commémoration des manifestations du 11 Décembre 1960, le Dr Youcef Khatib dit Colonel Si Hacène, président de l'association «Mémorial de la wilaya IV» a tenu à clarifier certains faits importants dans la Révolution algérienne et la lutte contre le colonialisme français. Il a insisté en premier lieu sur l'urgence d'écrire l'histoire. Le Dr Youcef Khatib considère que la 1re étape dans l'écriture de l'histoire correcte de la Révolution est l'enregistrement des témoignages. «C'est l'étape la plus urgente car les témoins sont âgés ou malades. Partent et disparaissent sans laisser de traces», a-t-il insisté. «Quand on parle d'un événement historique, il faut le placer dans son contexte de l'époque», a-t-il repris. Le colonel a expliqué que l'une des raisons qui l'ont poussé à créer son association en 2001 était «l'absence d'archives». «L'histoire fait partie de notre identité nationale. Elle devrait créer une sorte de nationalisme chez nous et nos générations.» En outre, M. Khatib nous a expliqué en réponse à une question sur le comment de l'écriture de l'histoire, concrètement parlant, que son association avait créé en 2003 une commission scientifique formée de spécialistes en histoire et d'universitaires. «Mais au bout d'une année, cette commission s'est arrêtée de travailler», s'est-il désolé en se demandant pourquoi aucun historien ni universitaire ou chercheur ne sont venus leur demander de l'aide dans leur travail. «On voulait travailler avec l'université mais pas de répondant. On voulait être impliqué dans le manuel scolaire et on a déjà discuté avec le ministre de l'Education nationale qui nous a aidés en partie, mais on attend toujours l'application.» Youcef Khatib s'est encore désolé lors d'une conférence de presse tenue en marge de sa conférence que dans le sillage de l'écriture de l'histoire, il y ait eu certaines volontés mais sans aucune suite. Ainsi, «en 1998 le ministère des Moudjahidine avait demandé à toutes les wilayas historiques de faire des conférences et penser à l'écriture de l'histoire. La wilaya IV a été la seule à le faire et avait tenu sa conférence au Club-des-Pins (Alger) le 12 décembre 1998, mais nous sommes sortis avec de faibles résultats par manque de moyens didactiques (caméras…). Et nous avons pu faire notre congrès en 2006, mais malheureusement les autres wilayas historiques n'arrivent pas à créer leur association.» Pour sa part, la vice-présidente de l'association, Mme Naïma Mehdi, se désole que la commémoration de l'histoire ait toujours été conjoncturelle, se résumant aux célébrations du 1er-Novembre ou du 5-Juillet. Son association, dit-elle, effectue un travail sérieux depuis 2001. «Nous militons pour une banque de données historiques. A ce jour, nous avons enregistré des millions de témoignages en voix et en image en VHS et DVD, en plus de photos de moudjahidine, de documents.» Et Youcef Khatib de renchérir : «Nous voulons essayer de sauver ce qu'on peut tant que les témoins sont encore en vie (moudjahidine et militants ayant participé à la Révolution). Nous sommes en train de corriger autant que possible pour créer une banque de données qui sera mise à la disposition des chercheurs et historiens bien qu'on ne soit pas historiens.»