Un an et demi après son départ de l'Elysée, Nicolas Sarkozy se trouve rattrapé par ses casseroles, un mode de gouvernance qui avait fait son succès. Son successeur socialiste boit du petit-lait, les révélations de dossiers sur Sarkozy confortant ses attaques de campagne électorale contre l'omni-président de la droite. Le nouveau locataire de l'Elysée n'avait-il pas damé le pion à l'ex avec la promesse d'instaurer une présidence normale ? Convaincu que, tirée du suffrage populaire, sa légitimité lui conférait des droits, Nicolas Sarkozy a gouverné comme un autocrate, il s'occupait de tout, sous prétexte de l'efficacité. Sa parade, son hyper-présidentialisme, son culte des puissants et son hyper-activisme, propre à sa personnalité, selon des psychologues et psychiatres, a fini par épuiser les Français qui sur le tard de son mandat l'ont vomi. Et voilà que des affaires politico-judiciaires le rattrapent, dévoilant une méthode sarkozyste proche de régimes bananiers avec la violence policière en moins. Le Français par naturalisation a-t-il oublié que ses concitoyens ont accumulé plus de deux siècles d'expériences démocratiques et de droits ? Peut-être n'a-t-il pas bien intériorisé cette constance française, lui, qui jusqu'à la remontée de ses affaires scabreuses, a eu des mots durs pour son successeur, François Hollande, incarnation caricaturale, selon lui, de l'impuissance en politique ? La justice française, contrairement aux pays transformés en dictature par leurs dirigeants, a fait son travail, malgré les pressions, chantages et mutations. Elle a laborieusement suivi pas à pas et dans le secret absolu de ses investigations, les outrecuidances et violations du président hyper-interventionnisme. Les exemples rendus publics aujourd'hui sont légion. Dans le litige opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais, banque publique l'ex-chef de l'Etat, ses agendas en font foi, est intervenu plusieurs fois au secours de l'affairiste. Par amitié, disait-on à Paris. Dans le scandale Bettencourt, l'enquête a établi qu'il s'occupait directement d'un dossier susceptible de l'éclabousser. Et ce ne sont pas les enregistrements de son conseiller Buisson, le père de l'idéologie lepéniste, sil en est, qui démentiront ses casseroles judiciaires. D'ailleurs, la quasi-totalité de ses proches sont également dans les mailles de la justice, comme Bernard Squarcini, nommé par Sarkozy à la tête de la DRS française (Direction centrale du renseignement intérieur) qui a chuté pour avoir fait espionner les conversations d'un journaliste du Monde, coupable de publier des articles gênants le maître de l'Elysée. La même mésaventure est arrivée à l'ex-procureur de Nanterre, Philippe Courroye qui a tenté d'empêcher le cours de la justice dans l'affaire de la patronne de l'Oréal qui avait inondé en argent, de main à main, la campagne électorale de Sarkozy. Claude Guéant, son ombre et homme des basses besognes est, lui, soupçonné d'avoir favorisé les intérêts de Tapie et de s'en être mis plein les poches en puisant dans la caisse noire du ministère de l'Intérieur... La liste est longue de ces procédés dans la Sarkozie. Pour des électeurs, l'ex-président doit payer le prix de son irrespect de la fonction présidentielle et de ses excès de zèle. D. B. Nom Adresse email