"L'éventualité d'un scénario à la syrienne ou à l'égyptienne est une création du pouvoir pour faire peur au peuple", a-t-il estimé. Lors d'une conférence-débat sur l'actualité politique en Algérie qu'il a animée hier à l'université de Tizi Ouzou, à l'invitation des étudiants, le président de Jil Djadid, Soufiane Djilali, a prédit trois scénarii possibles d'ici la tenue des élections présidentielles du 17 avril prochain. "Soit le clan présidentiel va réussir son coup et entraînera le pays petit à petit dans le désordre, soit le désordre s'installera plus vite qu'on le croit et là, il faut que ce processus mortel s'arrête et ce seront donc les institutions encore debout qui vont gérer la transition qui s'ensuivra avant d'aller vers des élections honnêtes, soit le candidat du pouvoir va s'évaporer et donc disparaître et on ira vers une élection illégitime qui, même si on fait élire un autre candidat, celui-ci sera amené à renégocier avec toutes les forces politiques", a analysé Soufiane Djilali écartant, toutefois, le scénario du chaos à la syrienne ou à l'égyptienne. Pour lui, l'Algérie n'est plus dans une configuration qui permet de parler d'un scénario à l'égyptienne ou à la syrienne où ce sont deux franges inconciliables du peuple qui s'affrontent. "En Algérie, il n'y a plus de risque d'affrontements entre deux parties du peuple. L'éventualité d'un scénario à la syrienne ou à l'égyptienne est une création du pouvoir pour faire peur au peuple", a estimé le conférencier, expliquant qu'en Algérie, les rapports de force sont plutôt entre une partie du pouvoir qui veut asseoir sa dynastie pour maintenir ses privilèges et une autre qui lui fait de la résistance. Les rapports de force, Soufiane Djilali les situe en même temps entre, d'un côté, un régime formellement fort par l'argent, les lobbies, la violation de la loi et de la morale, mais politiquement faible parce qu'il n'a ni projet de société ni vision d'avenir à proposer, et, d'un autre côté, une opposition formellement faible par sa division, ses contradictions mais forte politiquement et moralement parce qu'elle a ses propositions pour le peuple et pour la construction de son avenir. Pour l'invité de l'université de Tizi Ouzou, c'est au peuple désormais de faire pencher la balance entre les deux. Abordant la candidature de Bouteflika à la présidentielle, le président de Jil Djadid estime que "nous sommes dans une situation de coup d'Etat qui ne dit pas son nom". Non pas, dit-il, un coup d'Etat avec des chars mais un coup d'Etat où un régime illégitime a renversé les lois de la République et la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Pour lui, normalement, Bouteflika n'a pas le droit de se présenter. "Il a trituré la Constitution comme s'il s'agissait de sa propriété privée pour ensuite se cacher derrière elle. Si, alors, il ajoute une autre disposition dans laquelle il décrète que le pétrole lui appartient, ira-t-on jusqu'à dire que la Constitution le lui permet aussi ?", s' est-il indigné. Pour lui, il est clair que nous sommes dans une crise plutôt morale que politique."Bouteflika, qui disait ‘aâch li aâref qedrou', est devenu la risée du monde. Il a fait de son pouvoir un cirque des Amar qui ne sont même plus capables de s'adresser au peuple sans l'insulter, nous n'avons plus d'hommes d'Etat mais plutôt des hommes de sales besognes", a fulminé Soufiane Djilali, tout en soulignant que ce sont ceux qui n'arrêtent plus de parler de la stabilité qui provoquent le désordre en citant, entre autres, la réaction "légitime" des Chaouis à "l'insulte" de Sellal. S. L Nom Adresse email