Lors d'une conférence de presse organisée, hier à Alger, Ahmed Benbitour, Soufiane Djilali et Mohamed Mechati ont appelé à une alliance stratégique dans le but de changer le système de gouvernement actuel, et ce, de façon pacifique. L'ex-chef de gouvernement Ahmed Benbitour a souligné que la situation politico-économico-sociale de notre pays se dégrade de plus en plus : «La faille entre le gouvernement et le peuple, l'incapacité du gouvernement à réguler l'économie nationale et le non-respect des lois de la République sont la preuve de l'existence d'un Etat défaillant», dit-il avant d'ajouter que «cet Etat va vers un Etat déliquescent». Pour M. Benbitour, le changement est non seulement nécessaire pour le bien du pays mais qu'«il viendra sans doute». Affichant son opposition à la politique menée par le système actuel, il dit ouvertement «Non» aux trois projets suivants : le 4e mandat du président de la République, l'allongement du mandat actuel et la révision de la Constitution. S'ajoute un quatrième «Non» à la manipulation des résultats de l'élection présidentielle d'avril 2014. Pour sa part, le président du parti politique Jil Jadid, Soufiane Djilali, a continué sur la même ligne que son camarade, tout en remettant en cause le bilan de 14 ans de présidence de Bouteflika, qui, note-t-il, a l'intention de rester toujours au pouvoir malgré ses déclarations de mai 2012. Il dira à ce propos : «Un plan de communication est en application pour qu'il passe à un 4e mandat et s'il se présente, nous savons tous qu'il en sortira vainqueur, puisque tout sera préparé à l'avance, notamment les opérations de manipulation». M. Djilali a souligné, entre autres, que, contrairement à ce quu se dit, «ce n'est pas le peuple qui veut de Bouteflika mais plutôt "sa clientèle" qui tire profit tant qu'il est en place». L'interlocuteur ne s'est pas contenté de cela et il est allé même à dire que «l'Algérie aurait été comme la Somalie s'il n'y avait pas le pétrole» et que «Bouteflika joue sur les sentiments de la population pour pouvoir changer la Constitution en sa faveur et rester au pouvoir». Pour toutes ces raisons et autres, les trois personnalités citées ci-dessus, dont Mohamed Mechati, un des membres des 22 de la Révolution algérienne et qui n'a pas pu participer au débat pour des raisons personnelles, ont lancé officiellement un appel aux personnalités politiques indépendantes, les partis politiques, les candidats potentiels aux prochaines élections présidentielles ainsi que toutes les composantes de la société civile pour participer à la formation d'une alliance stratégique et changer le système actuel par un autre qui répond aux espérances de l'Algérie. Pour ce faire, les initiateurs de cette idée ont insisté sur une transition pacifique autour d'un programme bien tracé et en saisissant l'occasion des prochaines élections. Comment cela peut-il aboutir, selon eux ? Ce scénario est possible, précisent-ils, si les forces concernées par le changement les rejoignent pour «mobiliser tous les citoyens inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants pour dire "Non" auxdits projets par la voix du vote lors des prochaines élections présidentielles». Ils ont indiqué que «le taux de participation au vote en Algérie n'a jamais dépassé les 15%. Et donc, l'objectif est de mener ce pourcentage à 50% pour être majoritaire avec 35% de participation. Les forces concernées doivent également à «travailler à éviter et à contrer dans toute la mesure du possible les dérapages prévisibles vers la violence, dans la situation actuelle de gestion irresponsable des affaires publiques» et «définir un "code d'honneur" pour des élections présidentielles transparentes et pour l'ancrage du pays dans un système démocratique au service exclusif du peuple».