Le projet de montage de véhicules Renault situé à Oued Tlélat à Oran continue d'alimenter la polémique sur le choix du site, celui de l'ex-usine Sonitex, d'une superficie de 11,5 hectares, alors que Renault a bénéficié de 152 hectares. "Tout a commencé au mois de juin 2012 quand une délégation conduite par l'ancien directeur de wilaya d'Oran de la PME/PMI est venue visiter le site. Ensuite, tout est allé vite, et la RAP (Renault Algérie Production), avec un montage financier algéro-français selon la règle du 51-49%, a été créée", affirme un proche du dossier. Et d'ajouter : "Il fallait désamianter les ateliers et dépolluer le site. C'est une entreprise privée spécialisée qui a décroché le contrat d'une durée de trois mois de travaux." En effet, le sous-traitant devait procéder aux analyses avant, en cours des travaux de désamiantage et à la fin de l'opération dans des laboratoires français certifiés. Quant au montant de l'opération, "je ne peux vous donner le montant de l'opération", nous dira notre source. D'autre part, après le désamiantage, la partie algérienne a mis la main à la poche pour procéder à la dépollution du site des huiles et autres produits polluants. Pourquoi tous ces frais ? "Le site a été réhabilité et exploitable, puisque toute la charpente des anciens ateliers a été gardée. Le site récupéré a permis d'économiser les dépenses de réalisation d'un nouveau site aménagé." La dépollution du site est-elle totale ? À en croire les responsables, la réponse est oui. Cependant, des médecins, qui ont pris en charge les 1 100 (dont 300 femmes) salariés, reviennent sur les conditions de travail et le site lorsqu'il était toujours fonctionnel : "Outre l'amiante, il y avait l'humidité, le bruit et les vibrations des machines, la poussière du coton, la chaleur... Et ajoutés au stress du travail à cause du rythme 3 fois 8, la boucle est bouclée. Je ne peux confirmer qu'il y a eu des cas de cancer dus à l'amiante car nous n'avons jamais procédé à des analyses poussées bien que nous ayons informé la direction de Sonitex des conditions de travail difficiles", confie l'un des deux médecins sollicités. En fait, l'ouvrier ne devait pas passer plus de 8 ans dans les ateliers, mais plusieurs d'entre eux ont passé plus de 30 ans bafouant le respect des normes exigées. "Nous avons traité plusieurs cas de maladies respiratoires, gastriques et de diabète dus au stress, mais pour le cancer provoqué par l'amiante, je ne peux être affirmative", avoue le deuxième médecin sollicité. Inauguré en 1965 et mis à mort en 2003, le site de Sonitex d'Oued Tlélat revit une seconde jeunesse, mais à quel prix ? "Des dizaines de malades, plusieurs décès et des retraités non indemnisés pour la surdité et autres nuisances, ainsi que l'héritage d'un site amianté et pollué, sans oublier l'enveloppe financière pour le désamiantage", se désolent les victimes rencontrées. Toutefois, il faut rappeler qu'on ignore toujours à qui appartient le terrain de l'usine, puisqu'il est encerclé par des terres agricoles, et selon une source à l'Urbor : "Au moment où je vous parle, les terres autour de Renault sont toujours des terres agricoles." Alors, quand Renault récupèrera-t-elle les 145 hectares restants après les 11,5 hectares de l'usine Sonitex ? N. B Nom Adresse email