"L'UE sera néanmoins présente non seulement par le truchement d'experts avisés en matière d'observation, mais également par d'éminentes personnalités invitées par le gouvernement algérien", a nuancé le département de Lamamra. Chat échaudé craint l'eau froide ! Edifiée sans doute par les péripéties de sa supervision des législatives de mai 2012 quand ses fonctionnaires s'étaient vus refuser par le ministère de l'Intérieur l'accès au fichier électoral, l'Union européenne a décidé de ne pas envoyer des observateurs pour superviser l'élection présidentielle du 17 avril prochain. C'est ce qu'ont rapporté plusieurs sites, reprenant une information donnée par l'agence de presse espagnole Europa Press. L'Union européenne a motivé son refus par le retard mis par le gouvernement algérien à lui envoyer l'invitation, ce qui ne lui permet pas de mettre en place une mission d'observation. Petite consolation : Bruxelles dépêchera tout de même une petite poignée d'experts pour faire une "évaluation technique" du processus électoral, mais avec mandat ferme de ne pas faire la moindre déclaration publique sur le déroulement du scrutin. N'empêche, l'UE a fait part de son attachement à la tenue d'un scrutin "juste et transparent". Ainsi donc, la prochaine élection présidentielle et le 4e mandat de Bouteflika, s'il venait à être réélu, n'auront pas la caution européenne. Cette sortie de l'UE n'a pas manqué de susciter la réaction du gouvernement algérien. Une source du ministère des Affaires étrangères, citée hier par l'APS, a contesté la raison avancée par Bruxelles, à savoir le retard mis par les Algériens pour solliciter une mission d'observation, pour expliquer son refus d'envoyer à Alger des superviseurs pour la prochaine présidentielle. Pour cette source, la décision des Européens est "loin d'être motivée par une quelconque saisine tardive par la partie algérienne". "Sitôt le corps électoral convoqué, l'Algérie a adressé une requête à la haute représentante et vice-présidente de la Commission européenne, Catherine Ashton, formalisant l'invitation du gouvernement algérien à une mission d'observation de l'UE", a-t-elle expliqué. Et à la source de l'APS de préciser : "En réponse à la requête algérienne, l'UE a opté pour un format restreint de sa participation à l'observation de l'élection présidentielle." Ne s'arrêtant pas là, le département de M. Lamamra est allé jusqu'à justifier la défection de l'UE en invoquant des "considérations liées notamment aux contraintes propres au fonctionnement des institutions européennes et surtout aux priorités d'agenda et de mobilisation des ressources financières pour la prise en charge des missions d'observation". Pour appuyer son argumentaire, le MAE a rappelé que "l'UE a opté pour le même format d'observation des élections en Libye et en Egypte, pays où ces élections se sont déroulées dans des contextes particulièrement complexes". "L'UE sera néanmoins présente non seulement par le truchement d'experts avisés en matière d'observation mais également par d'éminentes personnalités invitées par le gouvernement algérien", a-t-il nuancé. Comme pour minimiser la portée du refus de Bruxelles d'envoyer à Alger des observateurs, la source de l'APS a mis exergue la venue en Algérie de près de 400 observateurs étrangers, arabes et africains notamment, pour superviser la prochaine élection. Pourtant, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a annoncé, le 9 mars à partir du Caire où il participait à la 141e session ordinaire du Conseil des ministres de la Ligue arabe, que plusieurs organisations internationales, dont l'UE, avaient décidé d'envoyer des missions d'observation de l'élection présidentielle du 17 avril prochain. Il faut dire que pas un seul des 6 prétendants à la magistrature suprême n'a exigé la présence d'observateurs étrangers pour superviser le prochain scrutin. Ce qui n'était pas le cas lors des législatives de 2012 quand, des mois avant cette échéance, le RCD avait conditionné sa participation par une présence "massive et qualifiée" d'observateurs étrangers. Mais, aux yeux de certains, les observateurs étrangers ne pourraient en aucun cas jouer efficacement leur rôle s'ils ne sont pas en nombre suffisant et s'ils ne sont pas déployés six mois avant la tenue d'un scrutin comme c'était le cas en Tunisie. C'est peut-être cette raison qui a poussé les Européens à décliner, diplomatiquement, il est vrai, la sollicitation du gouvernement algérien de peur, peut-être, de servir de simple caution à une élection que d'aucuns présentent comme fermée. A C Nom Adresse email