Le président de la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle, Fateh Boutbik, aura tout essayé, hier, pour convaincre la presse de choses dont lui-même n'est pas convaincu. Comme il fallait s'y attendre, la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle, installée le 18 mars dernier, ne diffère en rien de ses ancêtres : une simple chambre d'enregistrement et/ou de recyclage d'un personnel politique en congé forcé. Composé de six membres, représentant chacun un des candidats en lice, cette commission aura fait du surplace, dans la mesure où deux autres commissions existent déjà : celle présidée par le Premier ministre par intérim, chargée de la logistique, et celle composée de magistrats, chargée de la supervision des élections. La commission de surveillance a eu à effectuer les tirages au sort pour les passages d'antenne des candidats à la Télévision et à la Radio publiques, ainsi que les salles réservées aux meetings, et quelques interventions auprès de l'administration, notamment en ce qui concerne le déblocage d'une partie de la subvention aux candidats pour la confection des affiches. Pour le reste, la commission s'en lave les mains ou se cache derrière de faux-fuyants. Hier, à l'occasion d'une conférence de presse, son président, Fateh Boutbik, aura tout essayé pour convaincre la presse de choses dont lui-même n'est pas convaincu. L'histoire de l'utilisation des moyens de l'Etat à des fins électoralistes, mais surtout le rôle joué par des ministres en fonction dans la campagne électorale ont accaparé la majeure partie de la conférence de presse, sans que le président de la commission apporte une réponse claire à ce sujet. Il a affirmé tantôt avoir saisi le Premier ministre par intérim, qui préside la Commission nationale de préparation de l'élection présidentielle. Youcef Yousfi lui aurait rétorqué qu'il faudrait apporter des preuves. Et M. Boutbik de rajouter une couche : "Nous avons demandé aux représentants des candidats d'apporter des preuves." De quelles preuves parlent-ils ? Les ministres en fonction sont en campagne, et ne s'en cachent pas, et ils le font durant les jours de semaine, sans avoir pris de congé spécial. Quelle preuve supplémentaire ? Et M. Boutrik d'user du bon vieil adage : "Ce n'est pas moi, c'est l'autre", en jetant la balle dans le camp de la Commission nationale de supervision des élections composée de magistrats, qui, selon lui, a les moyens de lancer des investigations et prouver l'existence de dépassements. Acculé, le président de la Commission nationale de contrôle des élections lâchera : "La commission refuse toute utilisation des moyens de l'Etat ou tout usage abusif de la fonction, cela est contraire à la loi, et celle-ci punit sévèrement les auteurs." Reste à savoir qui osera le faire ! M. Boutbik se fondera également en contradictions lorsqu'il évoquera la couverture médiatique de la campagne électorale. Tout en insistant sur la nécessaire équité entre les candidats, il reconnaîtra que l'avènement des chaînes de télévision privées n'est pas pris en charge par l'actuelle loi électorale, mais invite ces chaînes à faire preuve d'équité, à respecter l'éthique et la déontologie dans le traitement de la campagne électorale. Mais là où il ne trouvera aucun argument, c'est lorsqu'on évoque la télévision et la radio lancées par le staff de campagne électorale du Président sortant et totalement dédiées à ce dernier. M. Boutbik se contentera de dire que sa commission n'a reçu aucune plainte à ce sujet. En somme, la commission aura reçu un nombre incalculable de plaintes de la part des candidats en lice (le président de la commission n'est pas en mesure de donner le nombre exact de plaintes reçues). Ces plaintes concernent, en général, l'affichage anarchique, les agressions physiques contre les représentants de candidats ou leurs permanences et la couverture médiatique. Estimant que le début de la campagne électorale était timide, la commission est intervenue auprès de l'administration afin de débloquer des aides financières aux cinq candidats. On parle d'une avance de 15 millions de dinars par candidat. Pour rappel, la loi prévoit 60 millions de dinars par candidat pour le premier tour et 80 millions de dinars pour le second tour. À charge, pour chaque candidat, de présenter, à l'issue du scrutin, un bilan financier complet. A. B Nom Adresse email