En grève depuis le 9 mars dernier, les 16 ouvriers licenciés de la cimenterie Lafarge maintiennent leur action, en dépit de la dégradation de leur état de santé. Au départ, ils étaient 17 ouvriers licenciés, mais ils ne sont plus que 16 après que l'un des grévistes a mis fin à son action, après avoir reçu des promesses d'une réintégration qui ne vient toujours pas. En effet, quotidiennement, des ouvriers grévistes sont évacués en urgence à l'hôpital de Sig pour recevoir des soins intensifs. Depuis une dizaine de jours et à intervalles réguliers, les grévistes sont rejoints par leur famille pour un soutien particulièrement moral. Pour marquer leur présence et dans le but évident d'attirer l'attention des principaux concernés, lesdites familles ont décidé, hier, de bloquer la principale voie d'accès à l'usine de 7h jusqu'à 12h30. Selon l'un des grévistes qui a tenu à garder l'anonymat de crainte de représailles, "ce sont les membres de nos familles qui ont décidé de se manifester ainsi. Pour exprimer leur colère, ils ont bloqué la route menant vers l'entrée principale de l'usine. Apparemment, cette initiative s'est avérée utile puisque, informé, le wali de Mascara, par le biais du chef de daïra d'Oggaz, nous a invités à désigner un groupe de 4 personnes à même d'entamer les négociations. C'est ainsi que les membres de nos familles ont suspendu leur mouvement, libérant la voie d'accès à la cimenterie. Nous attendons avec angoisse les résultats de ces négociations. Auparavant, aucun responsable ne s'est inquiété de notre sort. Quant aux évacuations vers les hôpitaux, elles se font tous les jours, car 25 jours de ce combat nous ont épuisés et marqués sur le double plan, physique et moral". En cette journée du mercredi caractérisée par des vents violents, les grévistes étaient scindés en trois groupes, celui qui a pris la direction de Mascara pour s'entretenir avec le wali, celui qui a rejoint les membres des familles à l'entrée principale et dont les membres campent à l'entrée de la direction de l'usine. S'exprimant péniblement, notre interlocuteur a tenu à nous informer que "ce matin (hier, NDLR) trois grévistes ont été transférés à l'hôpital. Deux ont été libérés après avoir reçu des soins mais le troisième, B. M., âgé de 33 ans, a été retenu à l'hôpital. Il a été gardé en observation car son état de santé a considérablement empiré. Sa vie est en danger et le risque est grand. Il y des malades atteints d'hyperglycémie et ceux souffrant d'hypoglycémie. Les certificats médicaux délivrés par les médecins attestent de la détérioration de leur état de santé. Nous espérons que notre calvaire prendra fin prochainement grâce à l'intervention des pouvoirs publics puisque les responsables de l'usine maintiennent leur silence". A. B. Nom Adresse email