Ce vendredi 28 mars 2014, les seize employés de la cimenterie Lafarge à Oggaz, dans la wilaya de Mascara, entameront leur 20e jour de la grève de la faim, qu'ils observent depuis le 9 mars dernier pour réclamer leur réintégration dans leurs postes d'emploi, le paiement des allocations familiales et le retrait des plaintes en appel. Mercredi dernier, les familles des grévistes, dont des enfants, ont rejoint le mouvement. Elles ont observé un sit-in devant l'usine, en signe de soutien aux grévistes, et plus particulièrement pour dénoncer l'absence de réaction de la part des pouvoirs publics, de la direction de Lafarge et du syndicat du pouvoir, l'UGTA. «Nous n'avons rien compris ! Personne ne veut réagir pour mettre fin à cette situation qui n'a que trop duré. Tout le monde est occupé par la campagne électorale. Pourquoi les pouvoirs publics font la sourde oreille ?», a tenu à nous déclarer le frère d'un gréviste. «Même le wali de Mascara, Ouled Salah Zitouni, ne semble n'accorder aucun intérêt au problème des grévistes. En visite de travail à Oggaz, il nous a purement et simplement évités en changeant d'itinéraire», nous ont déclaré les familles des grévistes. Lors de notre présence, nous avons constaté l'absence de certains grévistes. «Ils sont chez le juge d'instruction du tribunal de Sig», nous répond un jeune gréviste. Selon Aziz Semmach, l'un des grévistes, «la direction de Lafarge aurait déposé une autre plainte à l'encontre des seize grévistes pour les chefs d'accusation d'usage d'armes blanches, fermeture des portes de l'usine, interdiction d'accès aux camions et aux employés». Des accusations que démentent formellement les grévistes et leurs familles. Notre interlocuteur nous a révélé que la direction de Lafarge a procédé à l'affichage, dans les deux postes de police de l'usine, des photos des grévistes. «Notre accès à l'usine est strictement interdit. Nous sommes considérés comme des voyous qui présentent un danger pour l'entreprise. Au contraire, nous ne sommes que des pères de famille qui défendent leurs droits», nous dit-on. Au sujet d'un éventuel dialogue, surtout que des sources de la direction générale de Lafarge nous ont déclaré, vendredi dernier, qu'ils «sont disposés à négocier avec l'ensemble des grévistes leur départ à l'amiable», les principaux concernés précisent que les négociations se feront sans intermédiaires (ni avocat ni autre), c'est-à-dire entre eux et ceux ayant le pouvoir de décision au niveau de Lafarg.