Ali Benflis hausse le ton et clarifie de plus en plus ses positions par rapport aux questions politiques d'importance. Ce week-end, à l'occasion des meetings qu'il a animés dans quatre wilayas du pays, à savoir Boumerdès, Tipasa, El-Bayadh et Saïda, le candidat à l'élection présidentielle a utilisé des mots durs pour dénoncer l'incurie de la gestion du Président-candidat. À Boumerdès, où il a animé hier un meeting, il n'a pas manqué de cibler vertement la prise en charge des citoyens de cette wilaya, victimes du séisme de 2003. Critiquant les promesses, non tenues, de l'octroi de logement aux sinistrés, Ali Benflis a fait remarquer qu'"on vous a donné au lieu de cela des chalets dont la durée de vie est de cinq ans". Et d'accuser : "Ils ne se sont pas contentés de cela, ils vous ont en plus volé vos chalets comme ils ont volé mes voix." Cette déclaration n'a pas manqué de galvaniser l'assistance qui s'est mise debout pour acclamer le candidat et scander Benflis président. Critiquant, en outre, la stagnation du sport en Algérie, Benflis l'a attribué "au manque de volonté des responsables qui ont délaissé le secteur du sport et se sont désintéressés de son devenir". Revenant sur l'interdiction des marches à Alger, l'ancien chef de gouvernement a voulu, jeudi à Saïda, clarifier davantage sa position : "Le décret interdisant les marches à Alger, promulgué en juin 2001, a vu le jour après l'autorisation de la marche du 14 juin", a-t-il noté, avant de divulguer que "lors d'une réunion que j'ai tenue avec des cadres, on m'a prévenu de ne pas l'autoriser, arguant qu'il pourrait y avoir des dépassements vu la conjoncture, car l'état d'urgence était en vigueur et que le terrorisme était là". "J'étais le seul à avoir dit oui pour cette marche", a-t-il noté, avant de préciser : "J'ai assez de courage pour assumer mes responsabilités." "Rien n'empêchait ceux qui m'ont succédé depuis 2003 de lever l'interdiction", lance-t-il. Par ailleurs, le candidat a formulé une série d'engagements lors de chacune de ses haltes. Hier, à Tipasa, il s'est engagé, lors d'un meeting qu'il a animé, à réhabiliter le secteur agricole et à le rendre compétitif. "Je vous promets de développer l'agriculture et de réhabiliter l'agriculteur et la terre par la mise en place d'un plan global", a-t-il promis devant une assistance acquise à son discours. Se montrant optimiste quant à l'avenir de ce secteur, au motif que "l'Algérie dispose de grandes potentialités agricoles", le candidat regrettera, néanmoins, "la perte de ces potentialités au fil des ans, au point où notre pays est devenu l'un des plus grands pays importateurs de denrées alimentaires". Ce qui peut compromettre la sécurité alimentaire dans notre pays, tient-il à souligner. Cette menace n'est, cependant, pas une fatalité, puisque "des solutions existent", lance-t-il, avant de préciser que "la compétitivité assurera notre sécurité alimentaire et nous permettra même d'exporter". Le rétablissement du droit à la concession agricole sur 99 ans, la révision des dispositifs de soutien aux agriculteurs, l'encouragement des industries alimentaires, la réduction de la facture alimentaire sont autant de mesures que le postulant à la magistrature suprême promet de mettre en application. Le secteur de la pêche et de l'aquaculture ne sont pas en reste, puisque l'ancien chef de gouvernement s'engage à une professionnalisation des métiers liés à la pêche continentale et hauturière. De même qu'il assurera son intention de réaménager les circuits de commercialisation des produits de la mer. Evoquant le volet social, le prétendant aux plus hautes fonctions de l'Etat s'est attardé sur le chômage des jeunes. "Je promets de trouver des solutions aux problèmes des jeunes. L'Algérie ne se fera pas sans eux car la solution, c'est la jeunesse", a-t-il indiqué. À Saïda, il s'est appesanti sur la problématique de la marginalisation des compétences nationales : "Il est temps de reconnaître de nouvelles légitimités dans le choix des cadres, dont celle de la compétence, du mérite et de la maîtrise." Et de prévenir devant une assistance galvanisée par ses propos que "la non-reconnaissance de la compétence et du savoir affaiblit l'Etat". Insistant sur l'intégrité et la compétence, Benflis, qui plaidera pour la participation de l'élite dans les affaires de la cité, affirmera sa volonté de placer des jeunes cadres dans les postes de responsabilité à condition, précise-t-il, qu'"ils se conforment à la loi et à la culture de l'Etat". Aussi, jeudi à El-Bayadh, il a défendu l'idée d'une nouvelle organisation du territoire national et un nouveau découpage administratif. Et c'est "l'immensité de la superficie de l'Algérie" qui commande ce nouveau découpage administratif, a expliqué l'orateur lors d'un meeting électoral à la salle de conférences Ahmed-Herri d'El-Bayadh. "Les mécanismes actuels sont inefficaces, et c'est pour cela que je m'engage à mettre en place un nouveau découpage administratif et une meilleure organisation du territoire par la création de pôles régionaux, afin d'instaurer une démocratie locale et de promouvoir la vie du citoyen, ainsi que la réforme de la fiscalité locale", assure-t-il. N. M Nom Adresse email