La liberté d'expression ne semble pas être une préoccupation majeure pour certains postulants au scrutin présidentiel du 17 avril prochain. Dans leurs programmes respectifs, la liberté d'expression n'est que sommairement abordée, quand elle n'est pas carrément occultée, comme c'est le cas pour les candidats Belaïd et Bouteflika. Seul Ali Benflis s'attarde un peu sur ce point, en plaidant en faveur de la dépénalisation des délits de presse. Et pourtant cette question méritait de figurer en bonne place dans les programmes électoraux, du fait de la multiplication, ces derniers temps, des procès et des agressions à l'encontre des professionnels de l'information et l'augmentation des pressions économiques sur les médias indépendants. Le pays a perdu trois places et se retrouve 125e au classement mondial 2013 de la liberté d'expression, établi annuellement par Reporters sans frontières. Dans le programme de Bouteflika, 11 lignes sont consacrées au chapitre "information et communication" dans lesquelles on promet seulement l'accélération de la mise en œuvre de la loi organique relative à l'information en confortant l'exercice libre de l'activité de l'information et en renforçant le droit "du citoyen à l'information à travers une offre diversifiée de médias publics et privés". Dans le programme de Louisa Hanoune, il faut chercher entre les lignes, pour trouver une seule fois la phrase "garantir la consécration de la liberté d'expression" noyée dans un cadre global de promesses pour la consécration des droits politiques dont le droit à la grève et le droit aux manifestations. Le candidat Moussa Touati résume son programme sur la question en trois mots : "Garantir la liberté d'expression", sans détailler comment compte-t-il y parvenir. Faouzi Rebaïne pense que "le droit à l'information, le droit à la libre expression ainsi que le droit à la critique doivent être considérés comme des libertés fondamentales du citoyen et érigées en tant que telles. De ce fait, le rôle des médias se voit mieux défini et appréhendé selon une logique d'ouverture à la société civile, de rationalité et d'objectivité professionnelle selon des règles et dispositions déontologiques". Il inscrit le rôle des médias dans une logique d'ouverture à la société. Selon lui, "l'information doit être sincère. Traiter et commenter, sans parti pris, les événements afin de participer à la sensibilisation politique et sociale et aussi à l'éveil des consciences. Le citoyen n'est plus alors considéré comme simple récepteur à qui est distillée une information éparse, diverse". Mais, il n'aura aucun mot sur la protection des journalistes des représailles qu'ils risquent de subir dans le cadre de leur travail. Ali Benflis annonce une réforme susceptible de garantir le droit à l'information et l'égalité d'accès à l'information, tout en consolidant la liberté d'expression. Il détaille cette réforme dans des mesures phares garantissant le droit à l'information par, notamment, l'obligation de communication par les institutions et organismes publics, la levée de toutes les contraintes à caractère politique ou administratif sur le droit à l'information et la liberté d'expression et la révision des statuts des journalistes et des professionnels des médias pour en garantir la protection et en consolider le professionnalisme. Benflis assure qu'il réhabilitera et renforcera les prérogatives et les capacités du conseil d'éthique et de déontologie de la presse et révisera les conditions d'octroi de la publicité publique et institutionnelle dans le sens des exigences de la transparence et des règles commerciales. Il parle aussi d'une véritable ouverture médiatique et de réforme de médias publics "afin de réhabiliter le service public et offrir aux Algériens des médias publics modernes". Simples promesses électorales, ou véritable volonté de changer les choses ? Dans un cas comme dans l'autre, il aura eu au moins le mérite de montrer un intérêt à ce dossier. N. H. Nom Adresse email