Troisième chapitre : "L'âme sœur..." Résumé : Rien ne peut expliquer le silence de Tahar. Depuis la fameuse nuit où elle s'est dénudée pour lui, aucune nouvelle. Elle s'inquiète pour lui, imaginant le pire. Fateha s'inquiète. Inès n'est pas bien, ça saute aux yeux... Elle n'a pas eu besoin de braver les interdits de ses parents, de sécher les cours, d'être coquette pour se rendre aux rendez-vous. La surveillance de ses parents s'est avérée inefficace. Tahar est entré dans sa vie sans frapper à leur porte. Comme un virus virulent, il avait contaminé son cœur et son esprit d'un amour nocif. Inès s'angoisse pour lui. Plusieurs semaines ont passé sans qu'il ne se manifeste. Un jour, elle allume son pc et se connecte sur Youtube, sur la chaîne de Tahar, là où il avait l'habitude de lui dédicacer des vidéos. Elle a ses favorites, celles qu'il avait mises en ligne pour lui faire plaisir. Elle aimait particulièrement la musique raï et kabyle. Il a créé la chaîne depuis une année. Il a mis de nombreuses vidéos et des extraits de films en ligne. La jeune fille a mal au cœur en lisant les dédicaces. "pour toi, omri", "à celle que j'aime" et d'autres encore. Elle a toujours eu le sentiment d'être unique à ses yeux. D'être la plus belle et de n'avoir que des qualités. Elle lui plaisait. Elle était la femme de sa vie. Il n'y avait aucun doute là-dessus. Il lui suffisait de lire ses mails, ses dédicaces, de revenir sur leurs discussions pour en avoir la confirmation. Cette relation avec lui, elle l'avait bien vécue. Elle ne l'avait pas imaginée. Le cœur serré, elle se rend sur MSN et constate qu'il n'est toujours pas en ligne. Elle ne comprend pas son absence. Il ne lui a rien écrit depuis des jours. Ce n'est pas dans ses habitudes. A son réveil, il y a toujours eu un mail où il lui dit "svah el-kheir, omri", des mots pleins de tendresse qui lui permettent de supporter la journée. Et si la veille, ils s'étaient séparés brusquement sans se dire au revoir, elle trouvait un message. Ces moments lui manquaient. A chaque fois qu'elle le pouvait, elle ouvrait sa boîte mail mais ne trouvait rien. La chaîne personnelle de Tahar avait été retouchée. Lui seul en avait l'accès. Cela la rassure. Il allait bien, mais ce qui l'intriguait c'était son silence. Lorsqu'elle se connectait avant, c'était pour discuter avec lui. Pendant des semaines, elle s'était coupée de ses amies et de ses cousines uniquement pour être avec lui. Elle ne comprend pas pourquoi il la tenait à l'écart de sa vie alors qu'elle croyait en faire partie. En cliquant sur une vidéo qu'elle n'avait jamais visionnée avant et que Tahar avait mise en ligne peu de temps après leur rencontre, elle lit le commentaire et son cœur manque un battement. Le souffle coupé, elle se rend compte qu'elle n'était pas la seule à qui il destinait les vidéos. - Ce n'est pas vrai, murmure-t-elle. Il avait quelqu'un d'autre ! Elle se rappelle les fois où il lui faisait une scène parce qu'il trouvait qu'elle tardait à lui répondre. Il croyait qu'elle était avec quelqu'un d'autre en ligne, alors que pour lui, elle refusait de discuter avec ses cousines et Ferewsan. Elle n'en revenait toujours pas. Elle ne s'en rend pas compte mais elle pleure. - J'ai été bête... Pendant tout ce temps, il s'est foutu de moi ! Et moi, je lui faisais confiance... Il disait n'avoir que moi... Inès essuie ses larmes tout en continuant à pianoter sur le clavier. Elle décide de regarder les plus anciennes vidéos, celles datant de la mise en ligne de la chaîne. De nouveau, des commentaires et des dédicaces destinés à "celle qui a fait chavirer son cœur et qui embellit sa vie". En les lisant, elle a l'impression d'avoir été aveugle. Tout était sur la chaîne depuis des mois, il a fallu qu'il la délaisse pour qu'elle les découvre. La jeune fille se sent étouffée, elle se lève et va ouvrir la fenêtre de sa chambre, mais la sensation ne se dissipe pas. Elle ferme la fenêtre internet puis sort de sa chambre. Elle se rend à la salle de bains et passe de l'eau froide sur son visage et son cou. Lorsqu'elle croise son regard dans la glace, elle ferme les yeux pour ne plus voir sa tristesse et sa déception. Elle passe un coup de peigne dans ses cheveux. Dans le couloir, elle tombe sur sa mère qui vient de rentrer du bureau. Elle est tout sourire malgré la fatigue. - Aâslama, maman ! - Selmek benti... ça va ? Tu ne t'es pas sentie trop seule ?, l'interroge-t-elle en retirant sa veste pour l'accrocher au portemanteau. - Non. - Tu as fait quoi depuis que tu es rentrée ? - Rien... enfin... j'ai révisé... Désolée maman, je n'ai pas pensé à préparer le dîner. - Tu n'as pas à t'excuser... Ce qui compte pour moi, c'est que tu ne te fatigues pas trop et que tu t'adonnes à fond dans tes révisions, réplique Fateha. Il ne reste que trois mois avant les examens du bac ! - Je sais, tu n'as pas besoin de me le rappeler ! Je n'ai que ça en tête... (À suivre) A. K. Nom Adresse email