Les six candidats à l'élection présidentielle multiplient leurs promesses en vue de convaincre les électeurs d'effectuer le bon choix. Ils occultent le nerf de la guerre : l'argent sans lequel bon nombre de leurs engagements ne seront pas tenus. Or, au cours des cinq prochaines années, il faut s'attendre à un amenuisement des ressources financières. On s'achemine vers une baisse ou une stagnation des recettes d'exportations du pays et une hausse des importations de biens et services. En un mot, la cagnotte diminue. Le futur président n'aura donc pas les mêmes coudées franches qu'à une époque récente où l'Algérie réalisait des excédents de la balance des paiements de l'ordre 10 à 20 milliards de dollars. Les candidats Benflis et Bouteflika promettent de résorber la crise du logement et de réduire le chômage des jeunes et tant d'autres dépenses importantes. Des engagements faciles à afficher, mais difficiles à tenir. Pis encore, le candidat Bouteflika promet un plan quinquennal d'un coût semblable au précédent. Les deux prétendants à la magistrature suprême ne disent pas pour autant comment mobiliser les ressources financières qui permettront de réaliser ces objectifs au terme de leur mandat. Au demeurant, qui ne voudra parmi les citoyens sincères que les revenus et les conditions de vie de la population s'améliorent. Mais cela ne peut être assuré durablement que par une économie solide, soutenue par une centaine de grandes entreprises et une masse de PME compétitives. La flambée des prix, du reste, ne sera évitée que par la maîtrise du marché, une offre locale plus abondante et un dinar fort assuré par une économie plus musclée. Tout un programme. Mais difficile à mettre en œuvre rapidement. Or, avec les dépenses publiques en forte hausse, des importations qui explosent et des exportations en baisse, on risque de ne pas sortir du cercle infernal de la rente. À ce rythme, les excédents financiers vont fondre comme neige au soleil, ouvrant la voie à une situation financière insoutenable. Les marges de manœuvre du futur président seront ainsi limitées, surtout en cas de retournement durable du marché pétrolier. Aucun candidat ne nous dit, du reste, comment gérer ce que les spécialistes appellent la courbe du changement : industrialiser le pays, réduire les transferts sociaux tels que les subventions sur les produits énergétiques, tout en préservant la paix sociale. Quand on sait que si ces changements ne sont pas opérés dans des délais raisonnables, les réajustements seront brutaux et difficiles à supporter par la population. Tels sont les termes d'une équation que les candidats ne veulent pas aborder pour ratisser large auprès de l'électorat. On a tendance également à oublier que le capital confiance est un facteur de sortie du cercle infernal de la rente. Aujourd'hui, une masse d'Algériens n'ont pas confiance en leurs gouvernants. Nombre d'investisseurs étrangers et d'Algériens de la diaspora hésitent à investir en Algérie en raison de l'instabilité juridique, d'un climat des affaires peu favorable et d'un système politique opaque. Si on rétablit la confiance par des signaux de transparence, de volonté d'aller vers un Etat de droit, d'améliorer le climat des affaires, l'Algérie pourrait drainer les centaines de milliards de dollars dont elle a besoin en partie pour faire émerger une économie compétitive, moins dépendante des hydrocarbures. K. R [email protected] Nom Adresse email