L'Algérie a connu plusieurs années de fortes performances économiques tirées par les dépenses publiques, mais elle reste confrontée à des défis importants. C'est ce qui ressort du dernier rapport du Fonds monétaire international issu de ses consultations de 2009 avec l'Algérie au titre de l'article IV. L'institution de Bretton Woods précise que la croissance hors hydrocarbures a été vigoureuse, l'inflation est restée faible et l'État a accumulé une épargne considérable dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) pour financer un vaste programme d'investissement public (PIP) tout en ramenant les dettes publique et extérieure à de très bas niveaux. Cependant, la baisse de la demande mondiale d'hydrocarbures a mis en avant les vulnérabilités de l'Algérie. aussi, et en dépit du redressement récent des cours du pétrole et de l'amélioration des perspectives financières à moyen terme, l'économie reste trop tributaire des exportations d'hydrocarbures, le chômage, bien qu'en baisse, reste relativement élevé, et la productivité ainsi que le climat des affaires accusent du retard par rapport aux principaux partenaires commerciaux. La croissance hors hydrocarbures et la création d'emplois sont soutenues dans une large mesure par les dépenses publiques, soulignant la nécessité pressante d'accélérer les réformes structurelles pour diversifier l'économie et permettre l'émergence d'un secteur privé compétitif et orienté vers l'extérieur. La croissance dans le secteur hors-hydrocarbures atteindra probablement 9 %, grâce à une excellente récolte de céréales et à la vigueur persistante des secteurs des services et de la construction portés par le PIP. La production d'hydrocarbures continuera de diminuer cette année (de 6 à 7 %) en raison du fléchissement de la demande mondiale, ce qui ramènera la croissance globale aux alentours de 2 %. L'inflation en glissement a atteint 5,8 % sur un an en septembre 2009 en raison d'une hausse de 25 % des prix des produits alimentaires frais, qui aurait été causée par des défaillances structurelles dans la chaîne de l'offre. Avec un léger excédent des transactions courantes, les réserves officielles ont augmenté de 3 milliards de dollars depuis fin 2008, pour atteindre 146 milliards de dollars fin septembre 2009 (soit trois années d'importations). Du fait de la diminution des recettes tirées des hydrocarbures, l'Algérie affichera un déficit budgétaire de 8 % du PIB en 2009, après un excédent de 8 % en 2008. Ce déficit devrait être financé dans une large mesure par des ressources non bancaires intérieures. Des perspectives favorables Pour le FMI, les perspectives restent favorables à court terme, mais à moyen terme elles sont sensibles aux cours futurs du pétrole. La croissance restera soutenue à court terme par des dépenses publiques élevées et l'accélération du programme d'investissement de la compagnie nationale des hydrocarbures. Le PIB hors hydrocarbures pourrait progresser de 5, 5 % en 2010 et la production d'hydrocarbures devrait s'accroître du fait du redressement de l'économie mondiale, contribuant à une croissance globale qui devrait avoisiner 4 , 5 %. L'inflation devrait s'établir au-dessous de 5 % si les prix des produits alimentaires frais se stabilisent. La hausse attendue des cours mondiaux du pétrole entraînera une amélioration des soldes extérieur et budgétaire, mais ces derniers resteraient bien en deçà des excédents élevés qui ont été enregistrés ces dernières années. Un ralentissement de l'économie mondiale et une nouvelle baisse sensible des prix de l'énergie représenteraient des risques de dégradation importants à moyen terme, car ils affaibliraient les positions extérieure et budgétaire, contraindraient à réduire le PIP et d'autres investissements, et impliqueraient un fléchissement de la croissance et une hausse du chômage. Les perspectives à moyen terme dépendent aussi de l'adoption de mesures résolues pour encourager le développement du secteur privé et la diversification de l'économie, car les dépenses publiques à elles seules ne peuvent assurer une croissance à long terme. Un climat des affaires à améliorer Aussi, le fonds monétaire international a estimé que les réformes structurelles ont été timides et le climat des affaires doit être amélioré. Les autorités ont pris diverses mesures pour accroître la capacité de prêt du système bancaire et l'efficience des dépenses publiques, y compris le relèvement du capital minimum des banques, la réduction du niveau des créances non performantes au moyen d'une restructuration financière des entreprises publiques et l'amélioration de la gestion et du système budgétaires. Cependant, la nouvelle réglementation relative à l'investissement direct étranger et la lenteur des négociations commerciales régionales et multilatérales pourraient contraindre les efforts de l'Algérie visant à réaliser une croissance diversifiée, durable et axée sur les exportations. La perception du climat des affaires ne s'est pas améliorée et reste classée en deçà de celle de la plupart des concurrents régionaux. Néanmoins, les administrateurs du FMI notent les fortes performances économiques réalisées par l'Algérie ces dernières années, avec une croissance vigoureuse hors hydrocarbures et une inflation faible. En particulier, ils félicitent les autorités pour les politiques financières prudentes qu'elles ont menées et qui ont permis d'accroître sensiblement les réserves, réduire la dette publique et extérieure à un bas niveau et accumuler une épargne budgétaire considérable qui permettra de maintenir, en 2010, l'orientation budgétaire actuelle. Ils souscrivent, par ailleurs, au maintien en 2010 de l'orientation budgétaire actuelle, mais ils encouragent les autorités à revenir à une trajectoire soutenable à moyen terme. Ils souscrivent à la mise en œuvre continue du PIP et du soutien aux PME, et notent que les réserves budgétaires considérables peuvent être utilisées à cet effet. Néanmoins, les administrateurs soulignent qu'une réforme profonde des dépenses courantes et des dépenses d'équipement permettrait de dégager des ressources budgétaires, de mieux préserver la richesse en hydrocarbures à moyen terme et de maintenir un espace budgétaire en cas de choc relatif aux cours du pétrole. Ils notent avec satisfaction que les autorités sont déterminées à établir un ordre de priorité dans l'exécution des PIP courants et futurs sur la base des perspectives budgétaires, et recommandent de contenir fermement les dépenses courantes, en particulier la masse salariale, afin de dégager une marge de manœuvre pour les coûts d'entretien additionnels liés aux nouvelles infrastructures. Ils notent que les progrès en cours dans la réforme de l'administration fiscale devraient permettre d'accroître les revenus budgétaires, à condition que la croissance des incitations fiscales soit contenue. Les administrateurs soulignent l'importance cruciale de veiller à la qualité et à l'efficience des dépenses publiques, qui sont devenues un moteur important de la croissance économique hors hydrocarbures de l'Algérie.