Confrontée à des assauts, visiblement coordonnés, menés depuis samedi par des activistes pro-russes mais aussi des groupes d'hommes armés aux uniformes sans identification, l'Ukraine apparaît plus que jamais menacée d'éclatement entre l'Est russophone et le Centre et l'Ouest tournés vers l'Europe. Les insurgés pro-russes sont en effet passés à l'offensive : des manifestants armés de gourdins et de pierres ont attaqué et pris les sièges de la police et de la municipalité dans leurs provinces et localités. Kiev qui avait annoncé une opération "antiterroriste" de grande envergure pour reprendre la main face aux pro-russes qui tiennent des bâtiments publics dans une demi-douzaine de villes de l'Est, n'a pas réagi militairement, hormis quelques survols d'aéronefs. Pourtant, dans ces enclaves russophones, la situation est fermement sous le contrôle des insurgés qui demandent à la Russie de les protéger. Les responsables de l'insurrection russophone promettent de rester sur place jusqu'à l'organisation d'un référendum sur le rattachement à la Russie, comme ce fut le cas en Crimée. Leurs appels renforcent les craintes d'intervention chez les alliés de Kiev, la Russie ayant massé jusqu'à 40 000 hommes à la frontière de ce pays qu'elle considère à tout le moins comme sa profondeur géostratégique. A Kiev, pour la première fois, le président intérimaire Olexandre Tourtchinov a esquissé une ouverture, évoquant un possible référendum en même temps que la présidentielle anticipée prévue le 25 mai. Il s'est dit certain que la majorité des Ukrainiens se prononceraient pour une Ukraine indivisible, indépendante, démocratique et unie. Mais il évoque un référendum national, alors que les insurgés veulent des scrutins locaux, où le rapport de forces leur serait plus favorable. Branle-bas de combat à Washington, Paris, Londres et Berlin. Le chef de la CIA, John Brennan, s'était rendu à Kiev samedi, Moscou a dénoncé une collusion avec les autorités ukrainiennes. Poutine a dénoncé comme des "spéculations basées sur des informations infondées" les accusations d'ingérence de Moscou dans l'est de l'Ukraine, lors d'un entretien téléphonique avec Obama. Les ministres européens des AE ont, quant à eux, mis en cause la Russie dans l'escalade et décidé hier d'allonger la liste des personnalités russes et ukrainiennes pro-russes sous le coup de sanctions. D. B./Agences Nom Adresse email