Une visite pas si impromptue que ça. Le séjour de Mohammed VI à Dakhla, la seconde ville du Sahara occidental que le Maroc a investi en novembre 1974 coïncide avec la réunion prochaine du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée au renouvellement de la mission de la Minurso. En outre, la prière du vendredi largement diffusée avec à ses côtés le ministre de l'Intérieur ivoirien, Hamed Bakayoko, signifie également que la thèse marocaine dispose de supporters au sein du continent africain et c'est aussi un rappel à l'ordre à la Mauritanie distante d'à peine 300 km de Dakhla. Nouakchott, qui se prévalait de neutralité dans la question sahraouie tout en demeurant partie prenante pour sa résolution dans le cadre onusien, a été pris à partie ces derniers temps par la presse marocaine. Certainement que les lignes ont bougé dans ce pays frontalier du Sahara occidental. On sait au moins que les récentes initiatives sub-sahariennes ont déplu à Nouakchott qui n'apprécie pas du tout l'appétit vorace du roi du Maroc et qui suspecte ce dernier de vouloir l'inscrire dans sa profondeur stratégique fantasque. Pour les autorités mauritaniennes, le Maroc ne se satisfait pas que de l'ancienne colonie espagnole. La présence du ministre ivoirien à Dakhla est destinée à faire savoir que le Maroc est revenu sur la scène africaine par la grande porte même s'il reste out de l'Union africaine dont il a claqué la porte dans les années 1980 lorsque la majorité de ses membres avaient reconnu la lutte indépendantiste du Front Polisario ainsi que la proclamation de la RASD. Rabat a en effet quitté, il y a 30 ans, l'OUA (devenue UA), pour protester contre la reconnaissance par cette organisation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). La Côte d'Ivoire est revenu sur ces reconnaissances en contrepartie d'accords militaires et commerciaux mais aussi religieux. Lors de son périple sub-saharien, Mohammed VI a offert à ses hôtes l'entraînement d'éléments sécuritaires, des approvisionnements en phosphates, très demandés sur les marchés mondiaux, et la formation de prédicateurs islamiques comme alternative à la déferlante wahhabite et au djihadisme, aboutissement de cette vision saoudienne du message coranique propagé à coups de pétrodollars. Le roi du Maroc avait, durant son périple africain de plus d'une semaine, essayé de mobiliser les capitales visitées autour du vote du 23 avril sur la reconduction du mandat de la Minurso. Le Maroc craint le retour sur le pupitre du Conseil de sécurité du projet de résolution américain visant à élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme. Mohammed VI avait protesté avec succès contre ce projet l'an dernier. Barack Obama devait dans la dernière ligne droite faire machine arrière, sous intervention de son homologue français, François Hollande devenu "gendarme de l'Afrique". Le président américain commentant l'intervention militaire de celui-ci au Mali s'était publiquement félicité que la France fasse ce "job" réservé auparavant aux seuls étasuniens. Une semaine auparavant Mohammed VI appelait Ban Ki-moon pour le mettre en garde contre des "options périlleuses". Et de récidiver depuis Dakhla avec un nouveau message similaire au secrétaire général de l'ONU. "Nous nous opposerons avec force et détermination à toute tentative d'instrumentalisation de la question des droits de l'homme", a-t-il notamment prévenu. Le Conseil de sécurité doit incessamment examiner un nouveau projet de résolution sur le dossier du Sahara occidental, examen qui se fera probablement sur la base du rapport que vient de publier Ban Ki-moon. D. B Nom Adresse email