C'est ce qui a été souligné, jeudi, dans la déclaration de Mohamed Salem Ould Salek, ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en réaction au rapport de Ban Ki-moon sur le conflit opposant le Front Polisario au Maroc sur le Sahara Occidental. Le responsable de la diplomatie sahraouie tout en indiquant que «nous constatons aujourd'hui que la Minurso, vingt années après, n'a pas tenu son engagement, alors que Maroc tente, à l'abri du cessez-le-feu, de pérenniser son occupation avec ses corollaires de répression et de pillage des ressources naturelles du territoire». Le rapport de Ban Ki-moon a été soumis au Conseil de sécurité qui tient sa réunion sur le Sahara Occidental en prévision du mandat de la mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental (Minurso) qui arrive à terme fin avril. Le résident du mois en cours du Conseil de sécurité, le Japonais M. Yukio Takas, a pour sa part soutenu, à l'issue des consultations entre les membres permanents du Conseil de sécurité jeudi, que ces derniers «encouragent à l'unanimité la poursuite du processus de négociations en bonne foie et sans conditions préalable sous les auspices onusiens», reconnaissant plus loin dans ses propos que les discussions entre les membres permanents du conseil de sécurité se poursuivent en vue de s'accorder sur le contenu du texte de la résolution. Même s'il portera sur la prorogation du mandat de la Minurso et l'invitation des deux parties précitées à poursuivre les négociations sous la supervision de Christopher Ross, l'absence de toute référence au respect des droits de l'homme au Sahara Occidental ne sera pas sans conséquences. Cela au vu des multiples lettres du Front Polisario à l'adresse de Ban Ki-moon ainsi que les appels pour le respect des droits de l'homme au Sahara Occidental d'Amnesty international, Human Rights Watch, le Parlement européen et d'autres organisations internationales. S'ajoute à cela le rapport de l'organisme onusien en charge des questions des droits de l'homme. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme a, en effet, dans son rapport de 2006, non publié suite aux pressions de Paris, recommandé l'application du droit au référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui, l'unique voie aboutissant à l'arrêt des atteintes des droits de l'homme par l'occupant marocain dont sont victimes les Sahraouis des territoires occupés. A ce propos, «la répression sauvage contre la population civile dans les territoires occupés, les disparitions, la torture, les jugements iniques et sommaires, les enlèvements et emprisonnements des défenseurs des droits de l'homme et le pillage des ressources naturelles», souligne Salem Ould Salek dans sa déclaration précitée, indiquant que ceux-ci «constituent une pratique quotidienne de l'occupant marocain qui se fait au vu et au su de la Minurso». Aussi, si Ban Ki-moon n'a pas émis de proposition relative à l'élargissement du mandat de la Minurso à la supervision des droits de l'homme au Sahara Occidental, renseigne on ne peut mieux sur la politique de deux poids deux mesures dans laquelle il s'y inscrit. D'autant plus que la Minurso s'est singularisée, parmi les autres missions des Nations Unies pour le maintien de la paix, comme étant la seule qui ne remplit pas l'obligation morale élémentaire d'observation du respect des droits de l'homme. Se faisant, Ban Ki-moon engage la responsabilité de l'Onu dans la situation chaotique qui prévaut dans les territoires sahraouis colonisés par Rabat avec les violences, les tortures, les emprisonnements arbitraires et la répression des Sahraouis qui sont leur lot quotidien. Par son rapport, le secrétaire général de l'ONU rejoint l'approche politique de son prédécesseur Kofi Anan avec sa «realpolitik» inscrite dans son dernier rapport, en 2006, sur le Sahara Occidental, à la fin de son mandat à la tête de l'ONU. A ce propos, le secrétaire général du Front Polisario a déclaré en 2006 que «le Sahara Occidental ne fera pas l'exception d'une question de décolonisation», la dernière pour rappel sur le continent africain. Et le ministre sahraoui des Affaires étrangères d'avertir jeudi, sans citer la France, de l'«appui d'un membre permanent du Conseil de sécurité qui s'attelle par tous les moyens de bafouer les principes universels du droit international pour couvrir les crimes du Maroc au Sahara Occidental».