Le conflit malien pourrait déborder au Sahara occidental, où le Front Polisario évoque un risque d'“infiltrations terroristes", avertit le secrétaire général de l'ONU dans un rapport remis au Conseil de sécurité. “Au cours de rencontres avec la Minurso, des dirigeants du Front Polisario n'ont pas exclu des infiltrations terroristes", écrit Ban Ki-moon dans son rapport. Le secrétaire général de l'ONU a également ajouté que cette crainte a été également formulée à son envoyé spécial sur le Sahara occidental, l'ambassadeur américain Christopher Ross, par les gouvernements de la région, limitrophes du Sahara occidental. Alger et Nouakchott, escales de l'envoyé spécial, se sont vivement inquiétés du risque de débordement du conflit malien dans les pays voisins, particulièrement dans le Sahara occidental où l'occupation marocaine a imposé une situation d'insécurité. Rabat, pour sa part, dans sa traditionnelle fuite en avant, a avancé l'argument que le djihadisme s'implantait dans les camps de réfugiés sahraouis, évitant la question de fond : pourquoi le Sahara occidental reste le dernier territoire à figurer dans la liste onusienne de populations sous ordre colonial. Le roi Mohammed VI, qui a du ravaler sa décision de ne pas travailler avec l'ambassadeur Ross, qu'il a accusé d'impartialité, a suggéré a ce dernier que les réfugiés sahraouis constituaient le vivier par excellence des combattants islamistes dans le Sahel ! L'accusation n'a pas pris puisque l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, estime “urgent" de résoudre ce conflit à cheval entre le Maghreb et le Sahara sahélien, en raison de la “situation dangereuse" dans le nord Mali où l'intervention militaire française contre des djihadistes est en cours. Des groupes liés à Al-Qaïda sévissent depuis plusieurs années dans les pays de la bande sahélo-saharienne. “La situation dangereuse dans la région du Sahel et son voisinage rend une solution plus urgente que jamais" à la crise au Sahara occidental, avait déclaré Christopher Ross, à l'issue de son entretien à Alger avec le président Abdelaziz Bouteflika, lors de son périple dans la région pour relancer les négociations maroco-sahraouies, en panne depuis plusieurs mois du fait de l'attitude marocaine qui consiste à faire prévaloir sa solution, à savoir la tenue d'un référendum que si celui-ci doit confirmer la “marocanité" du Sahara occidental. Son plan de colonisation rejeté par la communauté international, à l'exception de la France dont le président François Hollande a renouvelé la posture lors de sa récente visite au Maroc, Mohammed VI propose aujourd'hui une “large autonomie" pour le Sahara occidental, qui est rejeté par le Polisario et l'Algérie qui milite pour un référendum d'autodétermination, conformément aux résolutions de l'ONU. La tournée de Christopher Ross, dans la région, qui a commencée le 20 mars pour se terminer le 3 avril, et où il a rencontré les autorités marocaines, des représentants du Polisario, des responsables algériens et mauritaniens, a servi de base de travail pour son rapport au Conseil de sécurité, qu'il présentera officiellement le 22 avril. L'organe exécutif de l'ONU doit reconduire la mission de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), qui veille depuis 1991, au cessez-le-feu entre les indépendantistes de ce territoire occupé par les autorités marocaines après le retrait espagnol de 1975. Rabat sera certainement épinglé dans le rapport du diplomate américain, qui n'a de cesse de rappeler que son objectif est l'application du droit international. L'organisation des droits de l'homme, Amnesty International, a appelé, dans son dernier rapport, l Conseil de sécurité de l'ONU, à inclure la surveillance des droits de l'homme dans la mission de la Minurso au Sahara occidental. “Un mécanisme de surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental permettrait de fournir des rapports indépendants et impartiaux sur la situation actuelle des droits de l'homme", a souligné l'organisation qui s'inquiète dans son rapport des violations continues des droits de l'hommes dans les territoires sahraouis occupés, notamment concernant les libertés d'expression, d'association et de réunion. D. B Nom Adresse email