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"UNE MEMOIRE MISE EN SIGNES"
Quand Djaout "pensa l'art algérien"
Publié dans Liberté le 21 - 04 - 2014

Paru aux éditions El Kalima (avec le soutien du ministère de la Culture dans le cadre du Cinquantenaire de l'indépendance), Tahar Djaout. Une mémoire mise en signes. Ecrits sur l'art est un beau livre de 194 pages qui regroupe et recense les écrits de Tahar Djaout sur l'art.
Dans sa préface, Hamid Nacer-Khodja note que l'intérêt de Tahar Djaout pour l'art pictural n'est pas fortuit, car "la littérature et la peinture ont toujours dialogué en Algérie, d'évidence dans l'espace commun du livre". L'intérêt de Tahar Djaout pour l'art s'inscrit, selon le préfacier, dans une "continuité-filiation", dans la mesure où "cette tradition a perduré à l'indépendance", et que "des poètes ont continué à interroger l'art pictural algérien, à l'instar de Jean Sénac". M. Nacer-Khodja rappelle, à juste titre et dans la perspective que la peinture et la poésie ont continué de dialoguer, que Tahar Djaout a publié en 1975 son recueil Solstice barbelé, avec une couverture et des dessins de Denis Martinez. Hamid Nacer-Khodja évoque également dans sa préface Michel-Georges Bernard "un enseignant de philosophie installé en 1970 à Sour El Ghozlane dans le cadre de la coopération technique, a créé une petite maison artisanale, les Editions de l'Orycte". Cet amateur de poésie et de peinture et critique "imprimera en hors commerce et en tirage limité de forts jolis recueils poétiques de jeunes Algériens accompagnés de peintres reconnus ou débutants. Y sont publiées de nombreuses plaquettes dont deux de Djaout, Insulaire & Cie (1980, couverture de Denis Martinez et dessin de Hamid Tibouchi) et L'oiseau minéral (1982, couverture et dessin de Mohamed Khadda)". Après l'assassinat de Djaout, Michel-Georges Bernard "est le premier à s'intéresser à la critique artistique de l'auteur, relativement éclipsée par son œuvre de romancier et de poète, puis par ses écrits journalistiques". Outre les articles de Tahar Djaout, cet ouvrage s'articule également autour d'une chronologie signée Michel-Georges Bernard des "écrits de Tahar Djaout sur l'art", ainsi que de notices biographiques des artistes sur lesquels Djaout a écrit. Avec sensibilité, "avec conviction partagée entre son tempérament de poète de grande mobilité de goûts et d'idées, d'une part, et un savoir-faire intellectuel lui dictant quelques critères de présentation et d'analyse, d'autre part, Djaout une propose une meilleure compréhension de l'art contemporain".
R. C.
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