Cette situation chiffrée nécessitera des mesures économiques et sociales d'envergure, pour assurer une prise en charge conséquente des personnes âgées. La faculté des sciences humaines et sociales de l'université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira a organisé, dimanche, une journée d'études sous le thème "Le rôle de sensibilisation des services chargés des personnes âgées". Les enseignants et étudiants présents ont laissé apparaître beaucoup d'émotions sur ce sujet sensible, notamment avec la représentation théâtrale illustrant la triste réalité vécue par certaines personnes âgées envoyées par leurs familles à l'hospice. D'éminents professeurs et experts sont intervenus lors de cette journée coïncidant avec le 27 avril pour mettre en exergue le vieillissement de la population mondiale croissant annuellement de 2%. Ainsi, l'on apprendra que, durant les deux prochaines décennies, le taux de croissance de la population sexagénaire augmentera de 2,8% à l'horizon 2030. Dr Chibane, spécialiste en sciences sociales, expliquera qu'en Algérie le nombre de la population âgée de plus de 65 ans est estimé à près de 3 200 000 de personnes, soit plus de 8% de la population : "A l'instar des autres pays du monde, l'Algérie connaîtra un vieillissement important au cours des 40 prochaines années. Les statistiques de 2013 montrent que la population de plus de 65 ans a atteint 3,2 millions d'individus, soit 8,13% de la population globale en Algérie. Situation qui nécessitera des mesures économiques et sociales d'envergure." Par la suite, Dr Boumadjène se penchera sur la gériatrie en évoquant l'évolution des personnes âgées en milieu hospitalier spécialisé, tels les hospices ou les foyers qui leur sont destinés : "La prise en charge des personnes âgées est d'autant plus difficile que ces sujets souffrent de multiples pathologies, d'où la nécessité de les mettre sous contrôle médical rigoureux avec un encadrement spécifique." A propos des conversations, la spécialiste préconisera d'opter pour un dialogue en articulant phonétiquement devant les personnes âgées afin de leur faciliter la lecture sur les lèvres. "Cette frange de la société nécessite une attention particulière par les encadreurs ou les membres de leur environnement familial, qui doivent s'impliquer sociologiquement, économiquement et psychologiquement surtout", soulignera Dr Boumadjène. Pour Mme Amarouche, enseignante à l'université, qui est intervenue sur le sujet, il est impératif d'asseoir une politique de prise en charge pour ces personnes : "Il serait souhaitable que les encadreurs affectés aux personnes du 3e âge bénéficient de formations adéquates dans le domaine, à même de répondre favorablement aux exigences de cette frange de la société." Une représentation tragique a par la suite été donnée pour illustrer la dégénérescence, non pas du cerveau, mais des mœurs de la société algérienne. Tirée d'un fait réel, cette histoire a été étudiée par les deux étudiantes qui ont mis en scène ce spectacle affligeant. Une vieille dame racontant ses déboires avec sa famille à une assistante sociale : "Après le mariage de mon fils, sa femme l'a incité à m'abandonner, et aujourd'hui je me retrouve placée dans cette structure d'accueil pour personnes âgées. J'arrive au crépuscule de ma vie, je suis entièrement dépendante..." Interrogée sur les visites de ses enfants, le personnage de la vieille dame rétorquera : "Oui, lorsqu'ils ont le temps, généralement pour les fêtes de l'Aïd, ou par sms, ils veulent tous vivre avec leur conjoint et leurs enfants, les parents n'ont plus de place dans leur vie...'' Cette scène riche en émotions a réussi à faire couler plus d'une larme dans l'amphi de l'université. Une prise de conscience collective qui ne manquera pas d'être remémorée par ces étudiants après leur cursus. A noter que le wali de Bouira, Nacer Mâaskri, s'est rendu au cours de cette journée au foyer des personnes âgées pour prendre part à une cérémonie de remise de cadeaux au profit des pensionnaires de cette institution. H. B Nom Adresse email