John Kerry est déjà venu en Afrique. Ce fut en mai 2013 lorsqu'il assista au sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba. Mais depuis le 29 avril au soir, le secrétaire d'Etat américain a entamé son véritable premier voyage sur le continent, jusqu'au 5 mai. Selon son porte-parole, sa tournée devrait encourager le développement de la démocratie, promouvoir le respect des droits de l'homme et faire avancer la paix et la sécurité sur le continent africain. Promesses et vœux pieux. Les démocrates africains savent à quelle sauce les a toujours destinés Washington en soutenant des régimes dont les droits de l'homme et la démocratie sont le dernier souci. Première étape de la tournée : l'Ethiopie qui accueille depuis des mois les pourparlers de paix pour le conflit au Soudan du Sud qui oppose depuis le 15 décembre les troupes loyales au président Salva Kiir à celles fidèles à son ex vice-président Riek Machar. Le plus jeune pays de l'UA, très riche en pétrole, doit sa naissance aux Etats-Unis qui ont contraint Khartoum à se diviser en deux. Pour faire avancer le processus de réconciliation dans le Soudan Sud, sortir les tractations entre des délégations des deux camps de l'enlisement, John Kerry s'est rendu à Juba, capitale du nouvel Etat où il aurait obtenu satisfaction, après des menaces de TPI et de sanctions ciblées, saisie de comptes devises, pas de visas... John Kerry s'est ensuite dirigé à Kinshasa où il a rencontré le président congolais Joseph Kabila. Celui-ci se prépare à réviser la Constitution de son pays pour se donner la possibilité d'un troisième mandat en 2016. Le secrétaire d'Etat lui a apporté le soutien de son pays. Alors que la RDC n'est pas sortie du chaos, malgré la présence de brigades d'intervention des Nations unies pour lutter contre divers mouvements de rébellion qui pullulent dans ce pays très riche en minerais très demandés par les technologies nouvelles, en diamant et en bois précieux, le ministre des AE de Barack Obama a félicité Kabila pour ses succès en RDC, promettant, au grand dam de la société civile congolaise et de l'opposition, de l'accompagner dans les prochaines étapes. En revanche, John Kerry ne s'est pas rendu au Rwanda voisin, pourtant allié de Washington mais avec qui les relations se sont refroidies depuis deux ans, en raison de l'appui présumé de Kigali au M23, groupe rebelle congolais. En Angola, dernière étape de la tournée, le secrétaire d'Etat a prévu de discuter avec le président José Eduardo dos Santos, dont l'"extraordinaire" rôle positif sur un nombre de dossiers régionaux est salué par les Etats-Unis. Cela fait 35 ans que le président angolais est au pouvoir. Il a ramené la paix en Angola, en éliminant Jonas Savimbi de l'Unita, mais la crise persiste entre les Cabindais et les Angolais. Les Cabindais souhaitent leur indépendance. En 2012, il lui a fallu la triche pour éliminer Isaas Samakuva, son rival et favori à l'élection présidentielle. L'Angola, outre que c'est un grand producteur de pétrole, est devenu grâce à cette richesse un élément incontournable dans le puzzle des Afriques australe et centrale. Dans ces trois pays, le chef de la diplomatie américaine entend avoir des échanges avec la société civile et avec les jeunes dirigeants africains sur qui repose l'avenir du continent. A Addis-Abeba, Kinshasa et Luanda, le chef de la diplomatie américaine est resté sourd aux appels de la société civile qui lui a rappelé les professions de foi de son président Barack Obama à propos de la démocratie et de régimes autocrates en Afrique. D. B. Nom Adresse email