Ces nominations, si elles se déclinent comme un message d'ouverture et de modernité dans une Algérie lestée par le conservatisme et l'islamisme, elles se veulent également comme une reconnaissance à leur capacité. Le fait est sans doute inédit : jamais dans l'histoire de l'Algérie indépendante, un nombre aussi important de femmes n'a figuré au sein de l'Exécutif. Pas moins de sept femmes ont été, en effet, nommées hier par le président de la République dans la nouvelle équipe gouvernementale de Abdelmalek Sellal. Nouria Benghebrit, universitaire, qui dirigeait jusque-là un centre de recherche en anthropologie, hérite du ministère de l'Education nationale dont l'ancien titulaire, Baba Ahmed, semble avoir payé sa gestion chaotique d'un secteur, en proie à des grèves cycliques ; Dalila Boudjemaâ garde la main sur le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement ; Nadia Labidi, docteur en arts du spectacle et cinéaste, succède au département de la Culture à l'inamovible Khalida Toumi, ancienne figure du féminisme algérien, en poste depuis l'avènement aux affaires d'Abdelaziz Bouteflika ; Mounia Meslem, avocate, hérite du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme ; Zohra Derdouri est confirmée dans son poste de ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication ; Nouria Yamina Zerhouni, ancienne wali, notamment de Tipasa, proche de l'ex-ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni, est nommée ministre du Tourisme et de l'Artisanat ; et Aïcha Tagabou, la plus jeune des ministres, âgée seulement de 35 ans, occupera le ministère délégué auprès du ministre du Tourisme et de l'Artisanat chargée de l'Artisanat. S'il était de coutume que des femmes soient présentes dans l'Exécutif, du temps déjà de l'UNFA pour des considérations beaucoup plus populistes et cosmétiques, tel ne semble pas être le cas aujourd'hui où elles sont de plus en plus nombreuses à faire preuve de leurs capacités de gestion. Mais en décidant de confier pas moins de sept portefeuilles ministériels aux femmes, Abdelaziz Bouteflika entend jouer un coup double : d'une part, ces nominations se déclinent comme un pari sur la modernité, un message à consommation extérieure, notamment aux chancelleries occidentales, dans un contexte de bouleversements politiques dans l'espace arabe et, d'autre part, comme une concrétisation de ses promesses et de la mise en œuvre dans les faits de la loi organique portant représentation des femmes dans les assemblées adoptée en 2011, dans la foulée des réformes décidées après le Printemps arabe. Probablement première dans le monde arabe, cette présence féminine en nombre au sein de l'Exécutif peut aussi se donner à lire comme un pied de nez aux islamistes que le Printemps arabe a réussi à propulser aux premiers loges dans nombre de pays. Il reste qu'avec le maintien du code de la famille qui confine la femme à un rôle de mineure, la présence des femmes dans l'Exécutif peut être aussi interprétée comme un simple effet de mode, de conjoncture qui obéit à de simples considérations politiciennes. K. K Nom Adresse email