Résumé : Ziya revint à l'agence pour annoncer à Zéliha qu'il avait l'intention de lancer des affaires commerciales à partir d'Istanbul. Il lui proposera d'être sa représentante. Elle gagnera un bon salaire et aura son propre appartement. La jeune femme demande à réfléchir, car cette proposition inattendue la laissait pantoise. Je soupire. Aziza était-elle au courant de ces affaires... ? Ziya secoue la tête : - Pas encore... Elle est enceinte, et un peu mal en point... Et puis, elle ne comprend pas grand-chose à mes affaires... Pour elle, c'est la rentabilité qui compte... A chaque fin de mois, elle fait le bilan des achats, des dépenses et des salaires du personnel. Elle gère merveilleusement le budget familial, mais ne connaît pas grand-chose au commerce. Alors, je m'abstiens de l'encombrer par des sujets auxquels elle ne comprend pas grand-chose... - Et pour moi ? Lui as-tu dis que tu allais me proposer un boulot ? Il secoue encore la tête : - Non... Puisque je ne suis pas encore certain de ta réponse. - Alors parles-en lui... Si elle ne trouve pas d'inconvénient, je travaillerai pour toi. Il fronce les sourcils : - Pourquoi trouvera-t-elle un inconvénient ? - Je ne sais pas moi... Les femmes sont jalouses... Elles n'aiment pas trop que leurs maris s'entourent d'éléments féminins, même si c'est pour un travail... Regarde un peu le cas de certaines secrétaires... Les femmes des patrons leur mettent souvent les bâtons dans les roues afin de les éloigner de leurs hommes et... Ziya lève la main : - Arrête Zéliha... Aziza n'est pas aussi possessive que ça... Tu es sa cousine et elle sait que je préfère avoir affaire à des gens de notre connaissance qu'à des étrangers... Je sais ce que tu penses... Ma femme n'est pas au courant de cette nouvelle perspective, mais si cela peut te rassurer, je lui en parlerai dès mon retour en Algérie... Entre-temps, réfléchis à ma proposition... Je hoche la tête : - Parfait Ziya... J'y penserai... - Tu ne regretteras pas de travailler pour moi... Et... dans le cas contraire, tu pourras toujours démissionner... Je vais faire en sorte que tu ais des gages en cas de démission afin de pouvoir subvenir à tes besoins, jusqu'à ce que tu trouves un autre job. Je relève la tête : - Je vais être assurée ? - Bien entendu... Que crois-tu donc... ? Je ne suis pas un simple marchand... N'oublie pas que j'ai parcouru le monde... J'étais dans la diplomatie, et je connais tous les avantages et les inconvénients d'un travail tel que celui que je viens de te proposer. Je baisse la tête. Ziya me propose un travail bien rémunéré et des gages. Le faisait-il par amour pour moi, ou bien est-ce son sens des affaires qui le rendait si affable ? Ne voulant pas brûler les étapes, je préférais prendre du recul avant de donner ma réponse. Ziya s'en va et me laisse pantoise. Je hume encore les relents de son parfum, et je me rendis compte que j'avais oublié de lui en demander la marque. Mon esprit travaillait sans répit. Je devrais accepter ce boulot. Je vais avoir un appartement pour moi toute seule à Istanbul ! Et puis la perspective de pouvoir voyager sans regarder aux dépenses m'enchantait. A moi le monde. Je vais être la représentante commerciale d'un homme comme Ziya ! Puis, mes pensées bifurquèrent vers Fatten Alibey. Cet homme que je n'aimais pas tellement n'allait-il pas s'opposer à la proposition de son ami ? Mais quelque chose en moi m'assurait que Ziya avait déjà tout prévu. Et c'était le cas. Deux semaines plus tard, sans plus hésiter, je donne une suite favorable à sa proposition et quitte Marseille pour Istanbul. L'appartement qu'on avait prévu pour moi se trouvait au centre de la capitale, et à l'orée d'un grand quartier commercial. Je n'en croyais pas mes yeux, en ouvrant la porte du luxueux immeuble où désormais j'allais habiter. Mon "chez-moi" était non seulement spacieux, mais aussi meublé avec goût et recherche. Je découvrais dans la salle de bain toute une collection de savons de luxe, de parfums, de shampooings, de bains moussants, etc. Ziya avait tout prévu. Une bibliothèque bien garnie trônait au salon où se trouvait aussi un piano à queue. Je sortis sur le balcon. Du haut du cinquième étage, je pouvais admirer le pont du Bosphore. Une vue pittoresque s'étendait devant moi... La nuit, c'est un spectacle enchanteur qui vous invite à sortir de chez vous et à aller vous balader et découvrir les restaurants, les dancings, les magasins... J'étais heureuse et comblée. Fatten vint me retrouver pour me montrer les premières ficèles du métier. Je devrais trouver des clients, enrichir l'ancien fichier et mettre à jour les documents des marchandises déjà écoulées. Mes connaissances dans la publicité et le marketing s'avérèrent bientôt insuffisantes et mêmes limitées, en rapport avec ce que j'apprenais tous les jours. J'étais une élève assidue. Pour faire mieux, je me lançais corps et âme dans le travail. Au bout d'un mois, j'étais forgée à la nouvelle enseigne. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email