Résumé : Zéliha accepte le boulot proposé par Ziya et ne le regrette pas. Elle avait un bel appartement qui donnait sur le Bosphore, et Fatten lui refilera les ficèles d'un métier auquel elle s'initiera sans trop de mal. Elle se lance corps et âme dans le travail et, au bout d'un mois, les transactions commerciales n'avaient plus de secrets pour elle. Je savais proposer, acheter, négocier, prendre en considération les critiques des clients, appliquer les nouvelles tarifications sans heurter les acheteurs, mettre à jour les nouvelles listes de nos relations et, bien entendu, établir les bons de commande et récupérer les paiements Ziya était en Europe, mais il m'appelait tous les jours pour me conseiller et guider mes premiers pas dans un domaine où j'étais encore une novice. Je décidais de démontrer alors que j'étais capable de mener moi-même ma barque. Pour ce faire, je n'eus qu'à contacter mes anciennes relations à Paris. Le résultat n'en sera que plus satisfaisant, car au bout d'un trimestre nos marchandises s'écoulèrent comme des petits pains. J'entreprends un premier voyage en France pour attirer d'autres clients. Ziya était rentré en Algérie, où il comptait séjourner un moment, car Aziza était sur le point d'accoucher. Les commerçants français seront charmés par ma façon de faire valoir nos produits, et au bout de quelques semaines, une nouvelle chaîne se forma sur mon carnet de rendez-vous. Une chaîne qui s'étendait à travers toute la capitale française et même jusqu'à quelques villes limitrophes. Fatten en sera si heureux qu'il m'enverra par deux fois des bouquets de fleurs et des boîtes de chocolat. Ziya m'enverra un télégramme de félicitations. Je humais encore une fois son parfum sur le fin papier bleu et je me promis d'en demander la marque à Fatten. Tout d'abord surpris, ce dernier finira par m'avouer que Ziya possédait toute une collection d'eaux précieuses qu'il s'amusait à mélanger l'une à l'autre, afin que ses parfums soient exclusifs. - Comment ferais-je alors pour lui offrir un parfum... ?, demandais-je innocemment. Fatten se met à réfléchir avant de me donner un flacon à moitié plein que Ziya avait oublié chez lui. - Voilà ce qu'il utilise, tente de trouver quelque chose qui se rapproche... Je me hâte de mettre le flacon dans mon sac, avant de courir chez moi pour inonder mes oreillers, mon lit, mon salon et même ma salle de bain. Ziya était partout dans ma maison. Je le sentais, je le voyais, je le touchais. Mes narines frémissaient de bonheur... Une semaine plus tard, Nafissa, sa petite dernière, vint au monde. Il nous invitera alors, Fatten et moi, à nous rendre chez lui en Algérie pour assister à la grande fête qu'il comptait donner en l'honneur de cet heureux événement. Sans plus attendre, je me mets à courir les magasins pour acheter un cadeau pour le bébé et un autre pour Aziza, et aussi pour me trouver quelques beaux vêtements qui me mettraient en valeur durant ce court séjour. Nous prenons l'avion deux jours plus tard, Fatten et moi, pour nous retrouver en quelques heures chez Ziya. Ce dernier nous attendait devant le portail de sa villa. La journée était radieuse, et Ziya était de très bonne humeur. J'étais très heureuse de me retrouver dans sa famille, et encore plus heureuse de me savoir l'invitée d'honneur qu'on attendait pour prénommer le bébé. Je repense tout de suite à ma défunte grand-mère maternelle, qui se trouvait être aussi celle de Aziza. Elle s'appelait Nafissa, et nous l'adorions. Je proposais donc ce prénom pour la petite fille de Ziya, et Aziza en sera enchantée. La cérémonie qui suivra l'événement sera grandiose. Ziya était très content de mes services, et le rendement du dernier trimestre avait dépassé les espérances. On donnera une grande fête qui aura lieu sur la grande terrasse de la villa, et on invitera les personnalités les plus en vue de la ville. Un orchestre de musique turque et algérienne égayera la soirée, et je ne ratais aucune occasion pour danser. Si bien qu'à l'aube mes jambes ne me portaient plus. Deux jours durant, la maison ne désemplissait pas. Nous recevions des femmes de la haute société, d'anciens amis de Ziya et de ses parents. Des cousins, des parents proches et éloignés, des voisins... Pour aider Aziza, qui avait déjà fort à faire avec le bébé, et tout le remue-ménage quotidien, je proposais de garder Wahid et Keltoum. Je prends les deux petits dans ma chambre pour m'occuper d'eux durant les deux semaines que je passais chez les Hikmet Pacha. A la veille de mon départ, et à l'idée de les quitter, je sentais mon cœur se serrer. Je me suis attachée aux enfants et à... Ziya. Ce dernier m'interpellait à tout bout de champ, me demandait conseil, me présentait les invités que je ne connaissais pas et me sommait de garder un œil sur la maison. Tout le personnel se mettra à mon entière disposition et exécutera mes ordres à la lettre. Je devais organiser les soirées, recevoir, planifier les dîners, les collations etc... (À suivre) Y. H. Nom Adresse email