Résumé : Une fois la fête terminée, Zéliha se retire avec Aziza dans une chambre pour ouvrir les cadeaux. Cette dernière en profitera pour lui offrir un bijou choisi par elle-même. Zéliha est embarrassée, mais finira par l'accepter. Le jour de son départ, elle est surprise de retrouver Ziya au seuil de sa chambre. Je fermais les yeux un moment puis les rouvris. Je voulais m'assurer que je ne rêvais pas. La maison était plongée dans le silence, et on n'entendait aucun bruit de l'extérieur non plus. Ziya me repousse, avant d'entrer dans la chambre et de fermer la porte derrière lui. Je me sentis défaillir. Mais il tire une chaise et s'assoit avant de murmurer : - Zéliha... Je voulais juste te remercier... - Heu... Mais de quoi donc ? - De tout ce que tu as fait pour moi... Pour toute la famille... Grâce à toi, les enfants n'ont pas souffert de notre négligence à leur égard, et Aziza n'a pas été trop encombrée. Tu as su t'occuper de la maison et de ses occupants, tout en recevant les invités et en organisant les réceptions. Tu es une femme formidable, Zéliha... ! - Oh ! Je... Je n'ai absolument rien fait... Je t'assure que c'était un réel plaisir pour moi de m'occuper des enfants. - Merci, merci pour tout, Zéliha... Les portes de la maison te seront toujours ouvertes, et nous serons heureux, chaque fois que tu voudras bien nous rendre visite, de t'accueillir chez nous. - Merci Ziya... Tout le plaisir a été pour moi... J'aime tes enfants... Je, je vous aime tous... Et... et je te remercie pour le cadeau... - Le cadeau ? - Oui... Le bracelet... Je tendis mon bras, et il remarque le scintillement du bijou dont l'éclat des pierres se reflétait sur les miroirs. - Ah ! C'est Aziza qui en a eu l'idée... - Même dans ce cas, vous avez tous les deux contribué à me l'offrir... C'est vraiment très gentil. Il hoche la tête, puis sourit : - Je t'offrirai d'autres bijoux, Zéliha, si les affaires continuent de marcher aussi bien que maintenant. - Il n'y a pas de raisons qu'elles flanchent. Nous travaillons tous très dur pour nous maintenir à flot. - Je sais... Fatten m'appelle tous les jours pour me donner des nouvelles. Là aussi, c'est grâce à ton savoir-faire que les affaires ont pris de l'ampleur... Je vais songer à doubler ton salaire. - Non Ziya... ! Tu en fais trop, je ne mérite pas autant de considération... J'ai déjà un bon salaire, et les voyages me permettent de découvrir des contrées et de m'amuser tout en travaillant. - Raison de plus pour prétendre à un meilleur salaire... Tu pourras aussi t'offrir tout ce dont tu as envie. Mon cœur criait. Mon âme souffrait. Mes lèvres voulaient prononcer un tas de choses. Mais ma langue refusait de se remuer dans ma bouche qui demeurait close. Je n'avais envie de rien d'autre que de sa présence près de moi. - Tu es prête pour l'aéroport... ? Je revins sur terre. Tout à coup, je réalise que je devais rentrer à Istanbul le jour même et que j'allais quitter Ziya, les enfants, la maison et Aziza. J'ai un pincement au cœur. L'heure des adieux a sonné. Je hoche la tête : - Oui. Je suis prête. Mais j'aimerais auparavant embrasser les enfants et Aziza. - Vas-y. Je vais m'occuper de tes bagages et demander au chauffeur de faire sortir la voiture du garage. Une heure plus tard, j'étais en route vers l'aéroport. Je ne sais pas si j'étais triste ou heureuse, mais un état d'incertitude et de doute s'était emparé de mon âme... Je me sentais tantôt sereine, tantôt agitée... Ah ! Que ne ferais-je pas pour remonter le temps et retrouver un Ziya célibataire et libre de tout engagement... A coup sûr, je lui aurais plu, et nous aurions vécu réellement comme des pachas. Je souris. Hikmet Pacha portait bien son nom. Il vivait bien, savait recevoir, savait rendre visite, parlait bien, était instruit et très cultivé et aussi très amoureux de Aziza. Lorsque l'avion décolla, j'étais encore à me remémorer les dernières paroles que nous avions échangées ce matin dans ma chambre et qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Fatten m'attendait à l'aéroport d'Istanbul... Il était vraisemblablement pressé de me déposer chez moi et de repartir. Il se confondit en excuses, tout en prétextant des rendez-vous. Malgré ses efforts pour paraître agréable, je sentais Fatten réservé et trop distant. Il n'était pas l'homme à se laisser guider, et non plus celui qui pouvait s'encombrer d'une tâche qui ne l'intéressait pas. Alors que nous étions chez Ziya, il avait évité jusqu'aux réunions de famille pour ne pas défaillir devant une Aziza qu'il n'avait jamais oubliée, et qu'il portera dans son cœur jusqu'à son dernier souffle. Je le comprenais... Oh ! Combien je le comprenais. Nous étions tous les deux victimes d'une situation qui dépassait tout entendement. Comme tout aurait été simple, si nous avions rencontré ces deux personnes si chères à nos cœurs à une période plus propice, et combien nous aurions été heureux de les connaître avant leur engagement mutuel dans leur union à vie. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email