Il est désormais clair que la diplomatie tunisienne est dirigée par deux têtes peu ou pas du tout harmonieuses. Fort de ses prérogatives constitutionnelles, le président Moncef Marzouki ne prend pas la peine, depuis longtemps, de se concerter avec le département des Affaires étrangères avant de prendre une position diplomatique qui engage le pays et l'avenir de ses relations avec l'étranger. Dans l'affaire libyenne, il a vite fait de faire part de son soutien aux autorités officielles en place, oubliant qu'une position pareille signifie, en jargon diplomatique, "une ingérence" pure et simple dans les affaires intérieures d'un pays tiers. Sans affronter directement son patron, le ministre des Affaires étrangères, M. Hamdi, a tenté de sauver la face en indiquant que la Tunisie se place à égale distance de tous les protagonistes. Le jour même, il a eu un entretien avec le président Marzouki, entretien qui n'aurait pas été calme, comme le laisse supposer la déclaration du ministre qui a dit avoir eu, auparavant, des contacts avec ses homologues des pays concernés, sans doute l'Egypte et l'Algérie. Cette déclaration a été corroborée par l'entretien qu'a eu le président Marzouki avec l'ambassadeur d'Algérie à Tunis, Abdelkader Hadjar. Le chef de l'Etat serait-il amené à éviter, dorénavant, la précipitation et à revoir ses positions qui ne sont, nullement, selon nombre de politiciens et d'observateurs, dans l'intérêt de son pays, mais plutôt conformes à celles de son propre parti, le CPR. Finalement, c'est l'absence de synchronisation entre le palais présidentiel et celui du gouvernement qui fait du mal à la Tunisie. Les critiques fusent de toutes parts, sans qu'elles aient un quelconque effet sur la façon de voir les choses du chef de l'Etat. Certains vont plus loin, en affirmant que le peuple, qui a toujours présente à l'esprit la décision présidentielle de rompre les relations diplomatiques avec la Syrie, ne serait pas prêt à subir les conséquences de la dernière cartouche au sujet de la Libye, sachant que la présence de presque deux millions de réfugiés libyens en Tunisie pèse lourd sur la vie quotidienne des citoyens et fait de la Tunisie une partie prenante dans les événements qui surviennent de temps à autre chez le voisin. Aussi, faire preuve de sagesse et de sens politique et diplomatique aigu ne serait pas de trop, estiment les observateurs et les hommes de l'opposition. Sur le terrain, huit terroristes présumés viennent d'être arrêtés en Tunisie, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. Ces individus se sont infiltrés dans le territoire tunisien venant de Libye pour mener des actions terroristes contre des institutions publiques, ajoute le communiqué qui ne précise pas la date de leur entrée en Tunisie. Dans ce cadre, les autorités tunisiennes ont pris, ces derniers jours, des mesures draconiennes, suite aux attaques menées par le général libyen à la retraite Khalifa Haftar qui a juré de nettoyer son pays des groupes islamistes. En effet, l'armée tunisienne a renforcé, substantiellement, sa présence le long de la frontière séparant les deux pays de manière à empêcher toute infiltration d'éléments armés qui pourraient gonfler le nombre des terroristes en Tunisie. Depuis la prise de ces mesures décidées, les autorités tunisiennes n'ont fait état d'aucune infiltration, sinon la découverte de la cellule composée de ces huit individus arrêtés par la garde nationale ; ce qui laisse supposer que leur présence sur le territoire tunisien est antérieure à la dégradation de la situation sécuritaire à Benghazi et à Tripoli. M K Nom Adresse email