À croire la définition donnée par l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, de l'Etat moderne, on déduit que l'Algérie est aux antipodes de ces valeurs qui font d'un Etat le garant d'un ordre social général démocratique. Invité par le journal Le Quotidien d'Oran, l'homme politique a d'emblée tenu à mettre les choses au point en rappelant que son exposé ne concerne aucun responsable en particulier, mais s'attarde sur un constat d'une période de 50 ans. À travers un réquisitoire sévère, M. Hamrouche fait le procès d'un système qui n'a pas su concrétiser un Etat qui survive aux hommes et au pouvoir. En abordant la thématique d'un Etat moderne ou "la restauration d'un Etat souverain, social et démocratique dans le cadre des valeurs islamiques", il a tout simplement fait le parallèle entre culture de l'Etat et culture du pouvoir, cette dernière, plus puissante, érigée en mode de gouvernance depuis l'Indépendance. Le parallèle est également présent dans des définitions dites et des non-dits qui traduisent tout le fossé existant entre un Etat moderne loin de la logique des castes, qui garantit les libertés et les droits dans un cadre de justice sociale, et l'image que renvoie l'Algérie. "Tous les chefs d'Etat qui se sont succédé n'ont pas réussi à ancrer l'idée de l'Etat comme un reflet d'une société qui transcende les clans et sert l'intérêt général", dira en substance l'orateur. Il dira aussi que le pays est mal préparé à sauvegarder sa liberté et son économie et qu'on assiste à l'échec d'un système fondé sur la possession et la neutralisation de la société, le tout en l'absence de règles d'accès au pouvoir et de contre-pouvoir. "Il faut repenser l'édification de l'Etat et de l'autorité", ajoutera-t-il. Pourtant, et sans nommer quiconque, l'assistance, hétéroclite à souhait, aura compris que les reproches les plus acerbes de l'homme ont été en direction de l'actuel pouvoir en place qui perpétue le fonctionnement clanique au détriment d'un Etat stable et d'institutions adéquates. Une situation qui risque de déboucher sur l'imprévisible puisque, selon l'ex-chef de gouvernement, "on ne doit plus continuer à supporter cette crise qui perdure depuis un quart de siècle et accepter le coût de l'effondrement faute d'un nouveau consensus". Des mots forts pour souligner l'urgence d'une solution consensuelle, affirmant que le pays a besoin d'un Etat qui veille, entre autres, sur l'intérêt général. Au travers de son intervention, on aura clairement compris la position de Mouloud Hamrouche par rapport au système en place, réitérant, lors du débat qui a suivi son intervention, son scepticisme par rapport à la démarche actuelle du pouvoir, qualifiant la mouture sur la révision de la Constitution d'un retour en arrière par rapport à celle de 1989. À propos de l'invitation adressée par Ahmed Ouyahia pour prendre part aux consultations autour de cette révision, il dira qu'il réserve encore sa réponse. SO Nom Adresse email