Lundi dernier au stade Ennasr de Béchar, ce sont encore trois troupes qui se sont présentées devant le jury, présidé par Azzedine Benyakoub, et le public de plus en plus de nombreux, dans le cadre de la compétition du 8e Festival national de la musique Diwane. Le groupe El-Dey d'Alger s'est chargé d'assurer la dernière partie de la soirée. Les soirées du Festival national de la musique Diwane passent mais ne se ressemblent pas. Celle d'avant-hier a été une des plus intenses, notamment grâce à la prestation de Dar El-Bahri Ousfane de Constantine, qui prend part à la compétition de cette 8e édition. La troupe s'est largement distinguée par le charisme et l'émotion dans la voix du Koyo Bongo (interprète des bradjs), la dextérité du maâlem qui joue d'un goumbri de forme ronde, la cohésion et le sens de l'harmonie de la chorale – qui était également constituée de femmes, ce qui en soi est exceptionnel dans la mesure où rares sont celles qui pratiquent cette musique. Dar El-Bahri Ousfane, qui perpétue une tradition familiale et la conserve, a réussi à captiver son auditoire par le chant mais aussi par les danses, montrant ainsi de grandes aptitudes dans la maîtrise de l'art du spectacle. Une brillante démonstration somme toute. Le responsable de la troupe, le fabuleux Koyo Bongo, Mohamed El-Hadi Hachani, a expliqué son choix et celui de sa troupe de jouer à la manière traditionnelle, n'introduisant ainsi aucun instrument moderne. Car, pour lui, "nos parents nous ont transmis cette tradition comme ça, donc on est obligé de la respecter. Je pense que si on sortait du traditionnel, on perdrait notre patrimoine". Il signalera également que c'est le terme nouba qui remplace celui de bordj, et que le répertoire de Dar El Bahri Ousfane est "le même qu'ailleurs". Evoquant la relève, Mohamed El-Hadi Hachani a fait savoir qu'elle est assurée : "Nous avons des jeunes qui, dans cinq à six ans, assureront notre relève." Foursène Maghnia a succédé à la troupe constantinoise en proposant une prestation plutôt sobre, sans éclat et parfois monotone. Ce groupe, qui pratiquait le karkabou et continue encore à le faire, a décidé d'intégrer le goumbri et le Diwane à son répertoire, en 2012. "Nous ne pratiquons pas le rituel du Diwane mais nous nous intéressons à la musique", nous expliquera Hamidou Ammami, leader de la troupe. Si la démarche est musicale, le travail devrait être plus sérieux. Gaâdat El-Waha, une formation de Béchar, s'est produite en dernier, toujours dans le cadre de la compétition, avec un programme varié et diversifié, mais très (trop !) technique, sans émotion. La technique a, en fait, annihilé la profondeur. El-Dey d'Alger étaient les invités de cette quatrième soirée. Créé en 2009, et connue avec son titre Ana Djazaïri (2011) et le tube Maria (juillet 2013), la formation a réussi à conquérir le public exigeant de Béchar, en revisitant quelques-uns des morceaux de leur premier album éponyme, sorti en mars 2014 chez Padidou. El-Dey ont, entre autres, interprété La Ilah Ila Allah, Bnat El Bahdja, Babor Ellouh ou encore leur reprise de Noudjoum Ellil. Décontractés, les membres du groupe ont confirmé une fois de plus leur talent et démontré leur grand sens de la scène, créant un lien très fort avec le public dès leur entrée sur scène. À la fin de leur prestation, nombreux étaient les spectateurs qui attendaient les Dey pour prendre des photos et échanger avec eux, tant le spectacle était complet, exceptionnel, remarquable de maîtrise, d'intensité et d'émotion. S. K. Nom Adresse email