Quelques jours après la mise en place de l'instance exécutive unifiée, Amar Saâdani convoque une cession du comité central pour le 23 juin prochain. On ne lui connaît pas de hauts faits d'armes en politique, mais on lui attribue des capacités de manœuvres insoupçonnées : comme celles, par exemple, qui l'ont propulsé à la tête de l'Assemblée avant de prendre les leviers de l'ex-parti unique au nez et à la barbe de certains caciques, pourtant confits à la culture de l'intrigue. Amar Saâdani n'a pas seulement le talent du percussionniste, mais sait aussi lancer des torpilles, quand il le faut, contre ceux qui peuvent contrarier les desseins de ses parrains et couper l'herbe sous le pied de ses détracteurs. Quelques jours seulement après la mise en place d'une instance exécutive de la direction unifiée dirigée par Abderrahmane Belayat dont la mission principale est d'avoir sa tête, Amar Saâdani a convoqué une session du comité central du parti pour le 23 juin prochain. Dans une déclaration à l'agence officielle, le chef contesté du FLN a expliqué que des propositions sur le projet de la révision constitutionnelle seront présentées au cours de cette session aux membres du CC. Une copie du projet de révision de la Constitution a été même adressée à toutes les mouhafadhas du FLN pour permettre aux différentes structures du parti d'émettre un avis et de présenter des propositions pertinentes, a précisé encore Saâdani, soulignant que les mouhafadhas "comptent un vivier de compétences à même d'enrichir le projet par des recommandations concrètes". On l'aura compris : en décidant de convoquer, dans une attitude à la hâte, le CC du parti, première grande activité organique depuis la présidentielle, Amar Saâdani entend visiblement prendre de court ses détracteurs. D'autant qu'il apparaît quelque peu fragilisé après son échec à récupérer le poste du Premier ministère, comme il l'avait réclamé sans succès au lendemain du scrutin du 17 avril dernier, la perte par son parti de certains portefeuilles ministériels, mais aussi la divulgation par certains médias de ses biens immobiliers en France. Et rien de mieux pour lui, dans ce contexte décisif de révision de la Constitution, prélude certainement à des élections générales et peut-être même à une présidentielle anticipée, que de renforcer ses positions à l'intérieur du parti, de remobiliser ses troupes et de mieux contrôler l'appareil qui peut servir, au moment opportun, ses ambitions. Par bien des égards, il entend se présenter comme un acteur privilégié des consultations sur la révision de la Constitution, d'autant que les contours des propositions qu'il a déclinées vont dans le sens des vœux du président Bouteflika, président d'honneur du parti. Mais sa mission ne s'annonce pas, cependant, de tout repos. L'instance exécutive unifiée, dont les membres ont observé une trêve pendant la campagne, est depuis quelques jours sur tous les fronts pour rallier la base à sa cause afin d'accélérer la destitution de celui qu'elle accuse "d'usurpateur de la légitimité organique", un homme "qui n'a fait que semer, depuis son arrivée à la tête du parti, les graines de la fitna dans les rangs, pratiquer l'exclusion, consacrer la médiocrité, violer les statuts et le règlement intérieur, et livrer le parti à des intrus impliqués dans la corruption". Outre "l'unification des rangs du parti", le "lancement des débats avec la base militante du FLN pour l'éclairer sur ses positions à propos des questions nationales. Mais aussi, faire des propositions dans tous les dossiers qui intéressent la nation, comme la révision de la Constitution", l'instance exécutive unifiée a fait savoir qu'elle prendra "contact avec toutes les institutions et parties aux fins de réunir tous les moyens légaux pour la tenue du comité central extraordinaire pour l'élection du successeur de Amar Saâdani". En décodé : même le président Bouteflika sera sollicité. Dès lors, il s'agit de savoir quelle sera l'issue de ce duel à distance que se livrent les "frères ennemis". L'attitude de l'administration et de la justice vis-à-vis de Belayat et consorts sera, à cet égard, un signe probant de l'évolution des rapports de force au sein du FLN. Des signes qui pourraient traduire l'attitude de Bouteflika, l'homme qui, à vrai dire, détient les clefs de la solution à un conflit dans un parti au bord de l'éclatement. K K Nom Adresse email