C'est la débandade totale en Libye, où le nouveau Premier ministre a été visé par une attaque de groupes armés, d'où la réaction des Etats-Unis, qui ont décidé de déployer un navire d'assaut amphibie, avec un millier de Marines à son bord, tout en recommandant à leurs ressortissants de quitter ce pays. Qualifiant la situation y régnant d'"imprévisible" et d'"instable", le département d'Etat US a recommandé mardi à tous les ressortissants américains de quitter "immédiatement" la Libye. "En raison de la présomption selon laquelle les étrangers, notamment les citoyens américains, qui se trouvent en Libye sont liés au gouvernement américain ou à des ONG américaines, les voyageurs doivent être conscients qu'ils risquent d'être enlevés, attaqués ou tués", explique le département de John Kerry. Il souligne qu'"en raison de problèmes de sécurité, le département d'Etat n'a qu'un personnel limité à l'ambassade de Tripoli et n'a que des moyens très limités pour venir au secours de citoyens américains en Libye". Washington a même décidé de déployer un navire d'assaut amphibie avec un millier de soldats du corps des Marines à son bord, à proximité des côtes libyennes pour être prêt à conduire une éventuelle évacuation de son ambassade à Tripoli. C'est dire que les Etats-Unis s'inquiètent au plus haut point de la situation en Libye, où le nouveau Premier ministre libyen, Ahmed Miitig, a été visé par une attaque, au moment où des voix s'élèvent dans le pays pour rejeter son gouvernement né dans l'anarchie. Soutenu par les islamistes, Ahmed Miitig, le cinquième et le plus jeune chef de gouvernement depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, est arrivé au pouvoir alors que le processus de transition est complètement grippé et le pays livré aux milices armées. Selon un responsable de son bureau, Ahmed Miitig et sa famille sont sortis indemnes de l'attaque menée à l'aube par des hommes armés. "Il y a eu une attaque à la roquette et aux armes légères contre la maison du Premier ministre", a indiqué ce responsable sous le couvert de l'anonymat. Deux assaillants ont été tués dans l'attaque, selon les médias. Quelques heures après l'entrée en fonction du nouveau cabinet, les rebelles autonomistes qui bloquent depuis près d'un an des sites pétroliers dans l'Est libyen ont fait monter les enchères en affirmant qu'ils ne reconnaissaient pas un gouvernement "illégal". "Nous refusons le gouvernement d'Ahmed Miitig", a déclaré Ibrahim Jodhrane, chef des rebelles autoproclamé président du bureau politique de la Cyrénaïque, accusant les blocs islamistes au Congrès d'"imposer illégalement" le cabinet d'Ahmed Miitig. Pour rappel, les ports de l'est de la Libye sont bloqués depuis juillet 2013 par des gardes des installations pétrolières, partisans de l'autonomie, empêchant toute exportation de brut et provoquant une chute de la production à 250 000 barils par jour, voire moins, contre près de 1,5 million b/j en temps normal. En avril dernier, les rebelles avaient suspendu leur mouvement dans deux petits ports, à l'issue d'un accord avec le gouvernement sortant, mais bloquent toujours les deux principaux terminaux du pays. Ajoutant à la confusion, le gouvernement sortant a publié sur son site internet une lettre qui lui a été adressée par le vice-président du CGN, Ezzedine Al-Awami, un libéral, et dans laquelle il lui demande de continuer à assurer l'intérim, soulignant que l'élection d'Ahmed Miitig était "illégale". Autre signe de l'anarchie, aucune liste officielle du nouveau cabinet n'a encore été diffusée, tandis que le budget 2014 est toujours bloqué en raison des divisions profondes au Congrès. Dans la foulée, le général dissident, Khalifa Haftar, a lancé le 16 mai une campagne baptisée "la Dignité" contre les groupes extrémistes et en réclamant la dissolution du CGN. Cette opération a reçu le soutien de plusieurs brigades et milices et l'adhésion d'une grande partie de la population. M T Nom Adresse email