Front ■ Le Nigeria et ses voisins ont adopté, hier, à Paris, avec le soutien des Occidentaux, un plan de «guerre» contre le groupe islamiste armé Boko Haram, qualifié de «secte terroriste» et de «menace majeure» pour la région. «Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram», a résumé le président camerounais Paul Biya. «Il y a une forte détermination de faire face à cette situation, à faire une guerre totale à Boko Haram», a résumé le président tchadien, Idriss Déby, en conférence de presse au terme d'un déjeuner de travail et de deux heures de réunion à l'Elysée. Les participants ont souligné les liens «avérés» entre Boko Haram et Al Qaîda. «Boko Haram n'est plus un groupe terroriste local, il est clairement une émanation d'Al Qaîda», a déclaré le président nigérian Goodluck Jonathan. «La principale avancée de ce sommet est une prise de conscience régionale d'un problème qui a longtemps été considéré dans un cadre interne au Nigeria. Abuja a accepté de sortir de ses frontières», souligne une source diplomatique occidentale. Selon cette même source, le Nigeria est d'accord pour faire examiner au Conseil de sécurité de l'Onu l'instauration d'un régime de sanctions contre Boko Haram, comme cela s'est fait par le passé contre Al Qaîda. «Le Nigeria, qui est membre du Conseil de sécurité, devra en prendre l'initiative et l'idée devra ensuite être examinée par les autres pays membres», a-t-elle expliqué. Abuja était jusqu'ici réticent à l'idée de porter ce dossier aux Nations unies. «Le problème est devenu un problème régional, sinon occidental», a résumé le président camerounais Paul Biya, dont le pays est le théâtre d'attaques et enlèvements attribués à Boko Haram. L'une des attaques a visé, vendredi, une usine chinoise. Le sommet de Paris a permis une reprise de dialogue entre le Nigeria et le Cameroun, entre lesquels la coopération était jusqu'ici au point mort. À l'issue de cette rencontre, un plan global a été adopté visant à mener de front les actions contre la secte. Les conclusions du sommet évoquent ainsi des patrouilles coordonnées, un système de partage du renseignement, des mécanismes d'échanges d'informations sur les trafics d'armes et de surveillance des frontières. Organisé alors que la mobilisation internationale bat son plein pour sauver les quelque 200 lycéennes enlevées il y a un mois dans le nord du Nigeria par Boko Haram, le sommet de Paris réunissait les présidents nigérian, tchadien, camerounais, nigérien et béninois, ainsi que des représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Union européenne.