Poussant les pions hors de son traditionnel pré-carré, il demande au Nigeria et à ses voisins de mettre en œuvre un « lan d'action régional global » à moyen et long terme contre Boko Haram, un groupe terroriste qu'il a qualifié de « menace majeure pour l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest et maintenant pour l'Afrique centrale ». « Un plan global doit être mis en œuvre visant à échanger les informations, à coordonner les actions, à contrôler les frontières et à agir de façon appropriée », dit-il, insistant devant le président nigérian, Goodluck Jonathan, le président tchadien, Idriss Déby Itno, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, le président béninois, Thomas Boni Yayi, et le président camerounais, Paul Biya, qu'il a conviés hier à l'Elysée à une réunion au sommet sur les liens de ce groupe avec al-Qaïda au Maghreb islamique et d'autres organisations terroristes. Ce plan prévoit, dit-on, « la coordination du renseignement, l'échange d'informations, le pilotage central des moyens, la surveillance des frontières, la présence militaire autour du lac Tchad et la capacité d'intervention en cas de danger ». William Hague, le ministre des Affaires étrangères britannique, la secrétaire d'Etat américaine adjointe Wendy Shermanet Pierre Vimont, l'adjoint de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui sont convaincus que ce groupe est en train de constituer un arc terroriste allant du chaos libyen à la Somalie en passant par le Sahel, ont participé à cette réunion qui a consacré solennellement la déclaration de guerre à Boko Haram. « Boko Haram a une stratégie anti-civilisationnelle de déstabilisation du Nigeria mais aussi de destruction des principes fondamentaux de la dignité humaine », explique le président français, citant la menace du chef de ce groupe de « réduire en esclavage » les 223 jeunes filles qu'il a enlevées le 14 avril dernier dans le nord est du Nigeria. Selon le ministère français de la Défense, Boko Haram aurait fait plus de 1.000 victimes, entre janvier et la mi-mars, soit quatre fois plus qu'en 2013. Le mouvement étend maintenant son influence jusqu'au nord du Cameroun, l'est du Tchad et le sud du Niger, un pays d'où provient une part substantielle de l'uranium dont la France a besoin, En Afrique, ce sommet ne laisse pas indifférent. Une dizaine de pays regroupés au sein du comité de l'Union africaine sur la réforme des Nations unies estime que la solution est d'abord africaine. « Ce sont des défis que l'Afrique doit relever. Il faut qu'elle prenne son destin en main avant d'attendre le soutien de la communauté internationale, par exemple sur cette question de Boko Haram et l'enlèvement de plus de 200 jeunes filles au Nigeria », estime le chef de l'Etat congolais Denis Sassou-Nguesso, dont le pays a abrité la réunion. « Le continent veut s'organiser. Il y a des réunions de concertation qui sont en train de se mener. L'Afrique doit rapidement se mobiliser et réagir par rapport à ce qui se passe au Nigeria », déclare Mankeur Ndiaye, ministre sénégalais des Affaires étrangères. Le prochain sommet de l'Union africaine, prévu fin juin à Malabo en Guinée équatoriale, pourrait se pencher sur le cas de Boko Haram.